La famille Devil Crash

(2/2)

Les suites

Tout succès engendre des convoitises, et celui de Devil Crash / Devil's Crush / Dragon's Fury (ouf !) ne fait pas exception. Le jeu a donc engendré deux suites : une non-officielle, Dragon's Revenge, et une officielle, Jaki Crush.


 Nom : Dragon's Revenge
Développeur : Tengen
Année : 1993
Support : Megadrive
Genre : Flipper nanar

Si Alien Crush et Devil Crash avaient été développés par Naxat, c'est Tengen qui les avait édités en Occident. Apparemment peu étouffés par leurs scrupules, les petits gars de chez Tengen décident alors d'exploiter le filon, et nous sortent Dragon's Revenge, flipper qui reprend grosso-modo les éléments de Devil Crash, à savoir ambiance médiévale, tables multiples et bonus stages. Après tout, ce sont ces recettes qui sont à la base du succès du flipper de Naxat, n'est ce pas ? N'est ce pas ?

Malheureusement pour lui, Dragon's Revenge fait plutôt pitié comparé à son illustre modèle,  preuve que la volonté ne suffit pas, et qu'il faut un peu de talent à côté.

"Ohlala, la honte que je vais me payer moi...je vais demander à ne pas apparaître dans les crédits..."
 Oui, et bien il n'y a pas de quoi pouffer de rire !

D'abord, si Devil Crash se situait dans un univers médiévalo-fantastique, Dragon's Revenge donne plus dans le "heroic fantasy pouet pouet", à base de barbares en slip à fourrure, d'Amazones en slip en cuir et de vilaines sorcières qui font "Mouah mouah mouah". Le jeu est non seulement très moyen graphiquement, mais est en plus d'un mauvais goût abyssal, là où Devil Crash était beau et classe.
Même constat niveau sonore, avec un thème passe-partout et parfois à la limite de la cacophonie, des bruitages rares et de mauvaise qualité, et des digits vocales à pleurer.

Ensuite, les tables multiples. Dragon's Revenge prétend faire plus fort que les 3 tables et le scrolling vertical de Devil Crash, et propose une table énorme et compartimentée, avec un scrolling multi-directionnel. Premier problème : le jeu est mal foutu, et se cantonne la plupart du temps à sa partie inférieure, faute d'un accès naturel au reste de la table.

J'avoue ne pas avoir bien compris ce que ce bonhomme me lance...
 Rahan, le fils des âges farouches....

Deuxième souci : le scrolling est saccadé, et ne suit pas proprement les mouvements de la bille, ce qui pose de sérieux problèmes de jouabilité. Troisième problème : ce n'est pas la peine de créer quarante compartiments s'il n'y a strictement rien à faire dedans ! Les tables sont affreusement vides, les cibles se comptent sur les doigts d'une seule main et l'ennui pointe vite le bout de son nez.

Quant à la physique de la bille, je préfère encore, si vous le permettez, jeter un voile pudique sur ce sujet pour ne pas davantage faire honte aux programmeurs.

En fait, Dragon's Revenge est un peu à Devil Crash ce que "Maciste contre les loups-garous" est à Ben Hur : la filiation est évidente, et on sent l'application qui a été mise dans le produit (ce qui fait franchement de la peine au vu du résultat), mais le résultat final est ridicule de bout en bout,  repoussant à chaque instant les limites du mauvais goût. A tel point qu'on a, malgré la médiocrité de l'objet, envie de continuer juste pour pouvoir se moquer encore un peu. C'est bien la seule raison de finir le jeu...


 Nom : Jaki Crush
Développeur : Naxat
Année : 1992
Support : Super Famicom

La suite officielle de Devil Crash, la voici : développée par Naxat, et non ces chiens d'infidèles de Tengen, Jaki Crush transpose cette fois-ci l'action dans l'univers médiéval Japonais. Avantage : on est dépaysé. Inconvénient : à moins d'être féru de culture nipponne, les trois quarts des références nous échappent.

Et alors, on est là pour jouer, non,  pas pour se cultiver ? Non bien sûr, mais quand les références nous échappent, on y perd un peu en immersion. Mais il reste le petit côté exotique.

Et un effet de transparence, un !
Ce boss est superbe mais pas forcément évident.

Jaki Crush reprend quasiment  à l'identique les éléments de son prédécesseur, avec les trois tables, les tableaux bonus et, bien sûr, la figure centrale qui évolue au fil du jeu.
Les graphismes sont assez moyens, mais pas désagréables. Les tons sont assez sombres, et les tables sont un peu moins peuplées que dans Devil Crash - l'action n'en est que plus claire. La Super Famicom est capable de nombreux effets spéciaux, et Naxat ne s'est pas privé de les utiliser, en particulier les déformations et les zooms, très bien exploités dans les tableaux bonus.

Ceux-ci s'apparentent encore plus à des combats contre des boss que dans Devil Crash et sont réussis techniquement, à l'instar des tables principales qui ne tombent jamais dans le mauvais goût. L'animation est à l'avenant, avec un scrolling et des déplacements de la balle des plus fluides.
L'aspect sonore est un peu en retrait ; si le thème principal est agréable, il manque un peu de relief, et les bruitages manquent également un peu d'impact. Cela dit on reste dans le domaine du très correct. Petit détail : il est dommage que le score ne soit plus affiché à l'écran. Après tout, faire du score est le but premier d'un flipper.

 Un bonus stage plutôt facile.
Le visage central est aussi peu rassurant que celui de Devil Crash.

Naxat n'a pas réussi à reproduire la physique de bille parfaite de Devil Crash, mais n'est pas pour autant retombé dans les écueils d'Alien Crush, et les mouvements de celle-ci sont plutôt réalistes, malgré quelques réactions étonnantes.
Les tables, quant à elles, sont globalement bien fichues, mais souffrent de quelques défauts agaçants : l'accès au niveau supérieur est malaisé et peu naturel, et -attention c'est pointu-, la forme de la paroi qui surplombe le flip supérieur gauche entraîne un rebond trop important de la bille, et donc le flip en question sert finalement très peu.

Enfin, si la relative sobriété des tables permet de vraiment comprendre ce qu'on fait, on regrette au final le manque de bumpers et de cibles mouvantes : Jaki Crush souffre ainsi du même mal qu'Alien Crush : il n'apporte pas grand chose de plus qu'un vrai flipper, et on s'ennuie un peu

Si quelqu'un parle le japonais, je suis curieuse de savoir ce que ces kanjis signifient.
L'ambiance est glaciale ici !

Mes critiques peuvent sembler nombreuses, et pourtant Jaki Crush est un bon petit jeu, correct techniquement et plaisant à jouer. Il peine pourtant à donner envie d'enchaîner les parties, et de rester scotché devant son écran, ce qui est certainement du à sa monotonie (on passe la majeure partie de son temps sur la table inférieure), mais plus sûrement à un léger manque de personnalité. Malgré ses qualités, Jaki Crush souffre clairement de la comparaison avec Devil Crash et son ambiance incomparable, mais il mérite néanmoins le coup d'œil.


Puisqu'il faut bien conclure, vous aurez compris que si vous ne deviez essayer qu'un seul de ces jeux, ce serait bien sûr Devil Crash. Cependant chacun d'entre eux a son intérêt, même si pour Dragon's Revenge la seule raison d'y jouer est de s'en moquer...
Malgré leur qualité diverse, tous ces jeux ont une chose en commun : ils ont réussi à dépasser le cadre du simple jeu de flipper, en instituant leur propre univers, et en apportant des éléments que seul un jeu vidéo peut proposer. La preuve qu'aucun genre n'est interdit, tout ce qu'il faut c'est un peu d'imagination et de talent.

Article rédigé par Shenron le 14/11/2007
2001-2024 Planet Emulation