Le Super FX

(3/3)

Les jeux utilisant le Super FX 2

STAR FOX 2

Nintendo est une grande boîte mais elle a toujours aimé se tirer toute seule des balles dans les pieds. Le fait qu'elle soit à l'origine de la première PlayStation en est l'exemple le plus frappant, mais pas seulement. Sur le plan commercial aussi, les choix furent des plus curieux.
Après le carton du premier Star Fox (Star Wing chez nous), une suite se devait, logiquement, d'arriver. Et elle arriva, en 1995. Seulement, Nintendo ne lui laissa pas le temps d'atterrir. Le jeu fut purement et simplement annulé ! Quel gâchis à la vue du résultat, quasi final d'ailleurs car Star Fox 2 est véritablement un petit bijou de programmation et une démo complète du Super FX 2, comme le fut pour le premier Star Fox avec le Super FX 1.

 Tout le tunnel se déforme. Votre vaisseau peut marcher désormais.

Contrairement au Super FX 2, Star Fox 2, lui, a été entièrement repensé. Déjà, vous jouerez en binôme. Au début du jeu, vous choisirez un partenaire parmi tout un choix, dont les sidekicks du premier Star Fox. Là encore, on a droit à des trognes plutôt mimi. Chacun a ses particularités, qualités et défauts inhérents à leur condition : rapide mais faible en armement, lent mais puissamment armé etc. Ce chaperon vous aidera dans votre quête.

Ensuite, votre vaisseau a subi quelques transformations depuis le premier opus. Certaines missions se dérouleront au sol et vous pourrez... marcher ! Et oui ! Votre véhicule se métamorphose sous vos yeux, les ailes se replient et deviennent des pieds ! Vous pouvez désormais marcher, courir et même sauter ! On s'amusera d'ailleurs de la démarche de ce vaisseau, très « canard »...
Votre armement aussi a subi des modifications. Outre le classique tir simple, qui deviendra double avec l'ajout d'options, vous pouvez aussi décocher des mega patates en gardant le bouton enfoncé. L'énergie s'accumule et dès que c'est plein, balancez la purée ! C'est si bon… À noter également l'accrochage de cible dans votre écran. Votre radar fixe l'ennemi à abattre et dirige votre super tir directement dessus. Deux armes meurtrières en votre faveur.

Sur votre chemin, entièrement libre, vous rencontrerez des mercenaires à la solde d'Andross et qui voudront vous descendre dans un duel spatial. Ces rencontres sont aléatoires, ce qui est excitant.
Graphiquement parlant, on en prend plein les yeux. Aussi bien dans le jeu en lui-même que pendant des scènes animées et il y en aura beaucoup. Les dégradés de couleur pour le ciel dans les missions au sol sont magnifiques. Animation fluide et rapide, son digne du premier. Le problème vient de la trop grande facilité de ce jeu. C'est bien simple, si vous êtes un habitué de Star Fox premier du nom, vous finirez le jeu du premier coup.
De nombreux bonus cachés parsèment Star Fox 2, ce qui fait que l'on y reviendra tout de même mais ne vous attendez pas à un très grand challenge. À ce propos, on trouvera curieux lors du dernier niveau de dégotter, juste avant le combat final face à Andross, une pièce vous permettant de refaire le plein d'énergie...


 Passage délicat. On pensait qu'Actarus avait détruit tous les Golgoths, mais non...

Ce jeu n'est pas totalement finalisé. Il est parfaitement jouable du début jusqu'à la fin mais ce n''est encore qu'une épreuve de programmeurs. Par exemple, au début, vous trouverez un menu vous permettant de vous balader dans tout le jeu, à chaque niveau. Egalement, vous devrez vous fader un compteur de frames et de sprites sur l'écran en permanence mais il existe des cheats pour les faire disparaître.
Un jeu qui aurait pu faire partie des grandes cartouches de la Super Nintendo s'il avait été commercialisé.
À l'heure actuelle, le jeu est mieux émulé sur Snes9x que sur Zsnesw. Sur ce dernier, Star Fox 2 tourne en vitesse double mais c'est tout à fait jouable.

WINTER GOLD

Le principe même de jeux olympiques d'hiver était parfait pour le Super FX. En effet, les épreuves correspondaient bien à un jeu nécessitant de la vitesse, des lignes droites etc.
Dès le début, on est séché par l'intro. Entièrement en 3D, et dans un mode sépia gris, on y voit une succession d'immenses personnages entièrement composés de polygones skiant, virevoltant, glissant, tombant et le tout avec une animation rapide et hyper-réaliste, accompagné d'une musique techno pulsante et du déhanchement d'une danseuse, elle aussi en 3D, rappelant l'une des plus fameuses démo de l'Amiga. Ça en jette ! À voir sans plus tarder !

  Détail de l'intro à l'animation très réaliste.

Une fois que l'on a fini de danser, et d'admirer le très bel écran de présentation, il est temps de jouer. Six épreuves sont proposées : descente, bobsleigh, saut à ski, luge, figures en snowboard et figures à ski, le tout dans trois villes différentes et réputées : Lillehammer, Albertville et Salt Lake City.
La 3D se trouve parfaitement à sa place dans ce jeu, de longs parcours, pas trop besoin de couleurs (le blanc domine évidemment). On pense à California Games pour certaines épreuves. On appréciera les séquences juste avant chaque départ, exactement dans le même style que l'intro, ainsi que les chutes ou les victoires. Ces formes géantes sont formidablement bien animées et réalistes sur le plan humain, il faut encore le souligner.

Mis à part les figures en snowboard, probablement le truc le moins réussi de toutes les épreuves sur ce jeu car peu excitantes et vides, la plupart sont bien fichues mais peut-être pas aussi rapides qu'on l'aurait souhaité. La descente à ski est un peu pépère, tout comme la luge et le bob. Les passages dans les tunnels pour ces deux dernières ne sont pas aussi impressionnants non plus qu'ils auraient pu l'être et surtout, sont répétitives.
Les musiques sont excellentes par contre, la techno est vraiment la reine pour ce jeu et correspond très bien à ces sports de petits branchés.

 Plantez le bâton Mr. Duce...
 Quand te reverrai-jeuuu, pays merveilleuuux....

Un jeu qui commençait très bien, peut-être même trop, par rapport au produit fini. On s'amuse mais il nous reste dans la bouche un goût de neige fondue. C'est bien mais bof… On s'excite plus devant les séquences intermédiaires que les épreuves elles-mêmes qui font assez Atari ST, il faut bien le dire. De toute façon, les jeux olympiques sur console ou ordinateur ont presque toujours eu une médaille en chocolat à la sortie…
Là encore, le jeu est mieux émulé sur Snes9x que sur Zsnesw. Sur ce dernier, des freeze sont très fréquents.

DOOM

Tout comme pour Mortal Kombat, il y eut un avant et après Doom. On peut même dire que ce jeu permit au PC d'émerger et de se démocratiser dans les foyers.
Jeu de con par excellence, ancêtre direct, avec Wolfenstein 3D, des Counter Strike et autre Call Of Duty, Doom vous met dans la peau d'un Rambo de l'espace devant trouver la sortie en flinguant tout ce qui bouge dans une sorte de donjon.
Tout est misé sur l'ambiance, en effet, vous avancez en temps réel dans le labyrinthe, les ennemis, soldats ou monstres, se ruent sur vous et vous devez les flinguer à coups de revolver, fusil à pompe, tronçonneuse, tire-bouchon etc. Amis de la poésie, bonsoir !

 « Gnnnh, 'doit... tuer... monstre ! » « Gnnnh, 'doit... tuer... mecs ! »

Un an avant Doom, la Super Nintendo avait accueilli Wolfestein 3D. Même si le résultat était très laid, le jeu n'en était pas moins jouable, d'autant plus que la console s'en sortait sans aucune puce supplémentaire. Pour Doom, le Super FX tourne à plein régime, en particulier pour ce qui est des surfaces mappées même si, graphiquement parlant, c'est tout aussi moche que pour Wolfestein 3D. Ça pixelise atrocement et devant un mur, c'est encore pire. Point d'affinage ou d'aliasing ici, c'est du brut.

La maniabilité non plus n'est pas un modèle du genre. Ça a beau être rapide et fluide, il arrive que l'on reste accroché à un coin parce que votre épaule ou autre chose s'est pris dedans, et dans les espaces étroits ou tout simplement pour échapper à un monstre, ça devient vite un problème. Avec le temps, on voit ses déplacements plus larges pour éviter ça. À ce propos, se déplacer dans ce jeu donne mal aux yeux, à la tête et fout rapidement la gerbe (chose vécue !) alors pensez à prendre votre Nautamine avant d'y jouer...

Malgré le fond totalement débile et consternant, il serait parfaitement hypocrite de dire que le jeu n'est pas amusant mais on réalise assez vite qu'une fois tous les ennemis réduits à l'état de steaks hachés, on s'emmerde ! Fouiller les moindres recoins à la recherche de munitions, de trousses de secours, voire même de passages secrets, est très vite lassant. On ne s'amuse que lorsque des démons se pointent afin de leur vider ses chargeurs, si possible illimités, en pleine poire.
     
 « Gnnnh, 'doit... tuer... sculpture ! » « Gnnnh, 'doit... tuer... Pac Man ! »

Les puristes de l'époque ne furent pas convaincus par cette version, la jugeant moche par rapport à celle tournant sur PC, ce qui était vrai mais il fallait bien savoir que pour obtenir le résultat escompté sur PC, il fallait quasiment vendre ses reins afin d'acquérir CPU, carte-graphique et autres barrettes de ram dignes de ce nom. Les plus fauchés préférèrent s'offrir le jeu sur Super Nintendo qui, malgré ses défauts et sa qualité moindre, était bien meilleur marché et on les comprend.

SUPER MARIO WORLD 2 : YOSHI'S ISLAND

On largue les malades de la gâchette pour revenir à quelque chose de bien plus intéressant et sympathique, avec la suite de Super Mario 4, le premier jeu à être sorti sur la Super Nintendo en 1991, et qui est encore considéré à l'heure actuelle comme l'un des meilleurs de la série, toutes consoles confondues.

Dans l'estomac de la grenouille. Un boss de fin très original.
Exemple d'utilisation du Super FX dans Yoshi's Island.

Succéder à un tel jeu n'est pas chose facile et en 1995, la Super Nintendo était quasiment en phase terminale. Il fallait frapper fort alors, autant tout donner. L'idée vint d'utiliser le Super FX 2 pour y mêler des effets en 3D à de la bonne vieille 2D. Idée géniale et qui donnera naissance à un véritable petit chef-d'œuvre.
Yoshi's Island est un inventaire de ce que la Super Nintendo peut nous offrir de mieux et ce, dans tous les domaines.
Les graphismes sont magnifiques, avec ce ton pastel et très enfantin grâce à ce style comme s'ils avaient été enluminés au crayon de couleurs et autres pastels, chose encore reprise à l'heure actuelle.
L'animation, qui était un modèle du genre sur Mario 4, a encore été améliorée. Si vous vous plantez, il ne faudra pas accuser le jeu mais vous-même car il est impossible de ne pas faire ce qu'on veut avec Yoshi.

Rotations, zooms, sprites énormes, dégradés de 256 couleurs, il y a tout dans ce jeu, et bien évidemment, du Super FX 2, utilisé dans de nombreuses formes transparentes, des cubes géants, des objets « mous » à sculpter en poussant ou montant dessus etc. Les programmeurs se sont véritablement surpassés ici. On a l'impression de voir parfois un jeu en Flash !
Mario est là sans être là. Yoshi, sa célèbre monture, joue les baby sitters en le trimballant sur son dos et en veillant au grain. Parfois, vous tomberez sur une étoile magique bourrée de coke qui dopera petit Mario, mais ce sera là bien la seule fois où il se fera remarquer.
Le moindre personnage ou décor a des yeux, des mains ou des bottes, c'est plein de bonnes idées et de trouvailles. On nage dans un univers enchanteur et drôle sans être niais.

 Ça se finira comme ça si vous laissez échapper Mario…
 Du Mario classique.

Que dire après tout ça, à part que Yoshi's Island est le meilleur jeu de plateformes sur Super Nintendo ? De part son originalité, sa technique et ses situations, il dégomme même Donkey Kong Country. Un must de la Super Nintendo !

Sébastien Morand

Addendum : le jeu FX Fighter fut annulé au dernier moment bien que terminé. Hélas, il n'a jamais été, à l'heure actuelle, « dumpé » et est donc indisponible en rom pour l'émulation, ce qui explique son absence ici même.

Article rédigé par Shenron le 25/04/2008