Xenon 2 Megablast

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Nom : Xenon 2 Megablast

Ordinateur : Atari ST

Année : 1989

Editeurs : Image Works/The Bitmap Brothers

Genre : shoot-them-up mythique


Vers la seconde moitié de l'année 1989 souffla sur le monde des micro-ordinateurs 16bits européens un puissant ouragan qui balaya tout sur son passage. Son nom était Xenon 2 Megablast et il permit d'asseoir définitivement la réputation, déjà grande, des Bitmap Brothers. Qui sont les Bitmap Brothers me diront certains petits jeunes ? Ah, c'est vieux tout ça... Allez, asseyez-vous en rond, je vais vous raconter une belle histoire...

 

   

Ça grouille...

Ça serpente...

 

Il était une fois un groupe de programmeurs brillants qui montèrent leur propre boîte vers la fin des années 80. Avec leur savoir faire en assembleur et des graphismes léchés, ils donnèrent aux ordinateurs 16bits leurs plus belles heures de gloire avec des jeux fascinants et toujours extrêmement bien foutus. C'est bien simple, des mauvais jeux sortis des écuries Bitmap Brothers, il n'y en a pas ! Novateurs, prenants, superbes, toujours soutenus par une bande-son branchée, leurs productions étaient hautement appréciées des joueurs de l'époque qui n'hésitaient pas à laisser leur Fast Copy au placard pour sortir leur porte-monnaie et acheter les précieuses disquettes originales. Parmi les autres hits incontournables de l'équipe, citons Speedball 1 et 2, Gods, Cadaver ou The Chaos Engine.

Mais le succès ne leur suffirent pas. Ils voulurent aussi la gloire et la reconnaissance. Les Bitmap Brothers firent partis des premiers programmeurs médiatisés dans les revues spécialisées, et même à la télé anglaise, à l'aide d'événements promotionnels : arrivée en hélicoptère, présentation du jeu, buffet avec champagne et petits fours à volonté, cadeaux pour les « journalistes de la profession », qui, on le sait tous, raffolent de ce genre d'avantages en nature, leur permettant ainsi de mieux mentir ensuite dans leurs papiers... Bref ! les Bitmap s'offrirent des campagnes de promo dignes des meilleures stars, même si, à l'arrivée, on se retrouvait plus devant une bande de geeks, plutôt âgés par rapport à leurs fans, ventripotents chez certains, et avec un côté business très prononcé, que devant de vraies stars sexy et intouchables... Toujours est-il que la qualité de leurs jeux faisait qu'on leur pardonnait tout.

 

   

Le premier boss.

Le second.

 

Xenon 2 fit suite à... ? à... ?? à... ??? oui, Xenon 1. Y'en a trois qui suivent ! Et oui, avant le 2, il y eut le 1. Un shoot-them-up déjà très remarqué à l'époque, sorti en 1988 chez l'éditeur Melbourne House, avec de bonnes idées et une réalisation impeccable, bien qu'ayant un poil mal vieillie aujourd'hui. Sa suite fera oublier le premier Xenon du nom et, même maintenant, certains en parlent encore avec respect.

Gros battage médiatique pour la sortie de Xenon 2 Megablast. Pleines pages de pubs dans les canards européens, interviews des Brothers, qui savaient qu'ils détenaient là un hit en puissance, et pluie de récompenses et autres notes naviguant dans la stratosphère. Xenon 2 fut LE jeu de la rentrée 1989. Tout ce bonheur était trop beau pour durer. On découvrit très vite qu'il n'était pas l'oeuvre des frangins mais de The Assembly Line, une autre équipe de programmeurs très douée (elle fit d'autres productions très remarquées à l'époque, comme E-motion par exemple chez US Gold). Les Bitmap n'ont que « designé » Xenon 2, toute la programmation fut effectuée par The Assembly Line, mais ils tirèrent toute la couverture à eux et s'en attribuèrent le mérite. Réaction outrée des programmeurs de The Assembly Line qui leur firent un procès qu'ils remportèrent ! Cela n'empêcha pas les Brothers de continuer à claironner partout que Xenon 2 était plus leur bébé que celui des autres, allant même jusqu'à dire que, même s'ils n'avaient rien programmé, ils avaient plus bossé dessus que The Assembly Line...

 

   

Oui certes mais...

Les Brothers ont dû avoir mal au cul de devoir ajouter ça...

 

Toujours est-il que, malgré toutes ces histoires légèrement navrantes d'egos démesurés, le jeu en lui-même est totalement incroyable pour de l'Atari et sur tous les plans ! Dès l'intro, on en prend plein les oreilles avec une bande-originale digitalisée de house music (on était en pleine mode de ce style à ce moment là...) composée par Bomb The Bass, le fameux groupe anglais de Tim Simenon. Le visuel, très simple, avec des logos scannés en trame de gris et des lettres en noir et blanc qui s'affichent en zoomant, soutient parfaitement cette bande-son d'enfer ! J'avoue que cette intro me servit assez souvent à l'époque pour épater des potes toujours sous 8bits et qui regardaient et écoutaient ça avec un mélange de fascination et de dégoût...

Après un léger décompte pour le chargement, le premier niveau commence et c'est au tour de nos yeux de se prendre une baffe ! Tout est très détaillé, fin et coloré. On ne croit pas une seule seconde que l'on est en 16 couleurs. Il y a une superbe impression de profondeur et les décors que l'on rencontre sont magnifiques et très organiques.

 

   

Un peu de shopping et...

... ça va déjà mieux !

 

Les ennemis proviendront du règne animal et surtout des insectes. Beaux, très bien animés et belliqueux à souhait, vous allez en baver. En parlant de l'animation, tout est évidemment fluide et rapide. Votre vaisseau réagit au quart de tour, on le sent "rouler", glisser même. Vous pouvez tirer dans tous les coins, avec toutes les armes, sur des tonnes d'ennemis et des décors chargés, il n'y a aucun ralentissement. Du véritable travail de pro.

L'intérêt principal de Xenon 2 réside également dans son armement évolutif. Exit R-type et ses trois ou quatre armes maximum. Xenon 2 en propose des tonnes mais hélas ! pour les acquérir, il vous faudra payer ! En effet, chaque vague d'ennemis abattue permet de récolter des bulles, qui semblent être la monnaie du coin... Deux fois par niveau (milieu et fin), vous accéderez à une boutique où vous pourrez faire quelques emplettes et même vendre vos anciennes armes pour en racheter de nouvelles. Le vendeur, un extraterrestre mélomane, est très dur en affaire et lorsqu'il donne un prix, pas la peine de discuter. Marche ou crève ! On se vengera grâce à des cheat codes en pillant sa boutique pour rien et on équipera notre vaisseau de tous les gadgets possibles et inimaginables afin d'assouvir nos pulsions destructrices. On appréciera les mega laser sur les côtés, les canons, les mines, l'electro-ball zarbi, le lance-flammes qui ressemble à un presse-purée etc. Avec tout ça, on se croit vraiment sur un de ces jeux Nec, où ça canardait dans tous les sens et de toutes les façons possibles.

 

   

Des ennemis teigneux.

Même le décor vous en veut !

 

Le dernier niveau, le cinquième, déçoit légèrement. On largue le trip Microcosmos pour un univers métallique, froid et martial, avec des tas de machines partout. On se sent sur Xenon 1. Clin d'oeil ou flemme ? Les ennemis ne sont pas géniaux, beaucoup de labyrinthes ennuyants, et le boss de fin est un gigantesque vaisseau. Ceux d'avant, organiques, étaient nettement plus réussis.

La version Amiga est la même en tout plan sauf pour la musique, évidemment. Pendant le jeu, l'Atari délivre une musique digne de sa puce sonore (merdique donc...), reprenant le thème de l'intro, alors que l'Amiga continue de verser dans la digitalisation à outrance à grand renfort de samples et de boîtes à rythmes survoltées.

Rien ne fut plus pareil dans l'univers des shoot-them-up sur Atari après un tel séisme. Xenon 2 Megablast resta indéboulonnable jusqu'au bout et gagna le prestigieux titre de meilleur jeu de ce type sur cette machine. Seul l'Amiga fera mieux plus tard grâce à ses capacités supérieures.

 

   

L'avant-dernier boss.

Le dernier niveau.

 

Un hit en puissance, une légende du jeu, qui fut également adapté sur Master System et Megadrive à l'époque, une très bonne durée de vie (le niveau 5 est un enfer...), comment a-t-on pu vivre avant sans ???

 

Note : 9/10

 

   

Site des Bitmap Brothers :

http://www.bitmap-brothers.co.uk/

Un gage de qualité

 

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Article rédigé par SM le 02/07/2006
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