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X-Men: Children of the Atom
(1/1)Nom : X-Men : Children of the Atom Editeur : Capcom Machine : Arcade Année : 1994 Genre : Baston |
Une année clé pour Capcom
1994 : Capcom est bien conscient qu'il ne doit pas se reposer uniquement sur le succès de Street Fighter II en arcade et qu'une partie du public se lasse des innombrables versions du jeu de baston culte. Le développeur/éditeur/constructeur compte donc satisfaire le public des salles de jeu en lui proposant de nombreux titres, novateurs et de qualité, sur son nouveau système, le Capcom Play System II, sorti fin 1993. Ca n'est pas moins de 7 jeux qui verront donc le jour en 1994, parmi lesquels l'ultime version de SF II (Super Street Fighter 2X / Turbo), 3 beat'em up (Dungeons & Dragons : Tower of Doom, Alien vs Predator, Armored Warriors) et surtout 2 nouveaux VS fighting qui deviendront des licences importantes de la firme : Darkstalkers, the Night Warriors (Vampire au Japon) et X-Men, Children of the Atom, le jeu qui nous intéresse aujourd'hui.
Une intro façon comics très réussie |
C'est pas la foule, mais c'est très vivant et la tension est palpable |
Un casting osé
Second jeu d'arcade issu du partenariat entre Marvel et Capcom après The Punisher, X-Men : Children of the Atom nous transporte donc dans l'univers des populaires Mutants, sans suivre un épisode particulier des comics. On a surtout l'impression que Capcom a voulu jouer la carte de l'éclectisme en tentant de piocher dans les bouquins les personnages les plus variés possibles, tout en contentant les lecteurs en incluant des figures emblématiques et populaires de la série. C'est ainsi que nous nous retrouvons avec 10 personnages sélectionnables dès le début, séparés en deux groupes : les gentils et les méchants. Une bonne partie de l'esthétique du jeu est d'ailleurs basé sur cette rivalité, à l'image de l'écran de sélection où chaque caste se fait face et défie l'autre. L'intro est également dans cet esprit, avec des artworks (fixes malheureusement) dans un style comics plutôt réussi. Revenons-en à nos personnages, avec côté X-Men, les incontournables : Wolverine, Cyclope et Tornade, ainsi que Iceman, Colossus et la belle Psylocke. Chez les super vilains, nous avons Silver Samurai, Spiral, Omega Red et Sentinel. A défaut d'être réellement charismatiques, ces derniers ont le mérite d'apporter beaucoup d'originalité au titre. Pour ceux qui crieraient déjà au scandale quand au déséquilibre entre les 6 X-Men et les 4 vilains, sachez qu'il existe également 2 bosses : Juggernaut (le Fléau) et Magnéto. Ce dernier fait d'ailleurs remonter les points de charismes du clan des méchants jusqu'à des sommets... mais ça n'engage que moi ! Erreur de casting ou clin d’œil à l'avenir de la série, on retrouve aussi un perso caché qui n'en n'a certainement rien à carrer des mutants : Akuma, de Street Fighter (d'ailleurs dans son sprite de 2X, ce qui jure pas mal avec l'esthétique du jeu).
Ca n'est pas un coup spécial, juste un coup de pied fort ! |
Wolverine contre Silver Samuraï, c'est l'heure des réglements de comptes ! |
Ce que le CPS-2 a dans le ventre
Visuellement, le jeu est plutôt beau : les sprites sont très réussis, on reconnaît parfaitement les héros de l'univers Marvel, trapus et massifs, avec un aspect dessin animé plus proches de ce qui se fera dans SF Alpha et Darkstalkers que ce que l'on avait déjà pu connaître dans SF2. La taille de ceux-ci est toute à fait correcte pour la plupart, et devient carrément incroyable pour Juggernaut et Sentinel dont la tête frotte sous les barres de vie ! On a même l'impression que Juggernaut reste voûté pour ne pas sortir du cadre. Tels des démos techniques du CPS2, ces sprites déments n'accusent aucun ralentissement. Les animations sont de bonne facture, avec des poses qui font honneur à l'aspect "super héros" du titre, mais on pourra regretter une gestuelle mal décomposée lors de certains déplacements. Côté coups et effets spéciaux, ça n'a plus rien à voir avec Street Fighter, avec une avalanche d'explosions, projectiles, clignotements et boules de feu qui nous font comprendre que l'on n'est plus en compagnie de simples humains.
Le point fort du jeu côté graphique vient des décors, assez inégaux mais globalement très innovants et souvent dynamiques. En effet, que ce soit sur l'iceberg à la dérive de Iceman et son scrolling infini, en dégringolant les 4 étages du stage de Spiral ou en atterrissant sur une barge après être tombé du pont de Colossus, vous aurez l'impression de voir du pays tout en vous battant ! Outre ce côté mouvant, les arrières-plans regorgent de scènes et de détails sympathiques, comme la poursuite d'un troupeau de dinos par un énorme T-Rex chez Wolverine ou la "Danger Room" du professeur Xavier qui changera entièrement au gré de ses humeurs.
Néanmoins, en plein combat, l'ensemble manque de lisibilité et devient rapidement assez fouillis, la faute à des effets divers parfois trop présents (impacts de coups, poussière, indicateurs de level de jauge...) ainsi qu'aux décors, certes superbes, mais souvent trop colorés et riches pour que les combattants s'en détachent suffisamment. Un défaut qui reste mineur et auquel on s'habitue en se concentrant sur l'action, mais que Capcom arrive mieux à gérer habituellement. On peut d'ailleurs reprocher au titre d'abuser un peu des couleurs criardes et des effets de mauvais goût, notamment dans l'interface ou dans les écrans fixes entre les matchs, où le style comics ne colle pas toujours avec l'esthétique ingame.
Si nos yeux sont flattés, voire sollicités à l'extrême, nos oreilles le sont presque tout autant avec des bruitages de très bonne facture, tant au niveau des coups (j'adore le bruit très cartoonesque des lacérations par les griffes de Wolverine) que des voix omniprésentes qui collent bien aux personnages. Les musiques, bien que rapidement oubliables, font le job, entre héroïques et pompeuses, ce qui colle parfaitement avec l'univers du jeu.
Un "Hyper X" en action ! |
Ne vous laissez pas distraire par ce qui se passe à l'arrière-plan |
Bien plus qu'un SF2 sauce comics
Le jeu repose en partie sur les bases de Street Fighter II : 3 boutons de poings, 3 de pieds, des chopes, une protection en allant en arrière et des coups spéciaux à base de quarts ou de demi cercles. A cette recette solide et éprouvée, s'ajoutent des nouveautés telles que le super saut (bas, haut ou les 3 pieds simultanés), le dash (avant, avant ou les 3 poings simultanés), la possibilité de se rétablir rapidement lorsque l'on tombe au sol ou après une chope, ainsi que la capacité à se protéger en l'air. Des ajouts qui, déjà sur le papier, laissent entrevoir un gameplay moins rigide que celui de SF2.
Manette en main, on constate en effet que la jouabilité se veut nerveuse, sans temps morts, presque bourrine. Les combos sont ici à l'honneur avec de nombreuses combinaisons possibles, en particulier en l'air, mais aussi en juggle dans les coins et même à terre, où il est possible de frapper encore son adversaire (d'où l'intérêt de la récupération lors d'une chute) ! Les coups spéciaux répondent au doigt et à l’œil, souvent basés sur les mouvements du hadoken ou du dragon de Ryu/Ken. A noter que les boules de feu et projectiles n'iront pas plus ou moins vite selon le bouton choisi mais plus ou moins haut. D'une manière générale, le petit coup frappera vers le bas, le moyen au milieu et le grand en hauteur. Une idée pertinente et en adéquation avec un gameplay très aérien qui fait la part belle aux air-combos. Petit truc marrant : vous pouvez également frapper le corps inerte de votre adversaire après la fin du match après avoir appuyé sur Start.
Comme dans SSF2X, une barre de super combo, la X Power Gauge, est présente, elle se remplit en faisant des coups spéciaux ou en perdant de la vie et vous permet des coups dévastateurs... mais pas que ! Une fois cette barre pleine (inutile de garder un œil dessus, votre perso est brièvement entouré de flammes rouges quand elle est à 100%), vous pourrez lancer un "Hyper X", un coup redoutable se déclenchant généralement en effectuant un quart de cercle + 3 boutons de poings ou de pieds. Mais remplie à moitié (flammes bleues), cette barre vous permettra également d'utiliser vos "X Abilities", des compétences propres à chaque personnage. A titre d'exemple, Wolverine peut régénérer sa vie, Psylocke se démultiplie et Colossus encaisse tous les coups sans tomber. A vous de voir quelle est la meilleure stratégie à adopter pour utiliser votre barre de super à bon escient : la force brute ou une compétence supplémentaire.
Concrètement, ce gameplay offre des combats riches et intenses, permettant des combos hallucinants, voire abusés, mais au sein de matchs souvent trop courts, la barre de vie fondant comme neige au soleil au moindre coup porté ! Si vous jouez en solo, vous avez d'ailleurs intérêt à bien connaître toutes les ficelles du jeu car le CPU ne vous fera pas de cadeau et vous laminera en quelques secondes si vous lui laissez la moindre ouverture. J'ai beau être un habitué des VS Fighting arcade, X-Men m'en a fait baver bien plus que n'importe quel autre titre Capcom du genre... en tout cas jusqu'à ce que je comprenne que le CPU n'aimait pas être acculé dans les coins ! Un véritable parcours du combattant qui risque de rebuter les joueurs qui n'ont pas forcément envie de potasser les combos ou de jouer bourrin et pensaient trouver là un jeu avec la même prise en main que SF2.
Y'a pas à dire, le CPS2 sait nous en mettre plein les yeux ! |
Colossus risque de faire paratonerre malgré lui... |
Portages
Le jeu sera porté sur PC (DOS), Saturn et Playstation. Si la version PC est très proche du jeu de base, les version consoles souffrent du support CD infligeant d'horribles temps de chargement laissant retomber toute l'adrénaline libérée par les combats. De plus, la version Playstation est amputée de nombreuses frames d'animation en raison de sa mémoire vive limitée, un souci malheureusement très courant sur les jeux 2D de cette machine. Chose étonnante, le portage Playstation ne sortira qu'en 1998, soit 4 ans après la sortie arcade et 1 an après le portage de X-Men vs Street Fighter !
Iceman se la pète un peu devant son fan-club |
Oui, ce sont de très, très gros sprites ! |
Alors, bon départ ?
Premier épisode de la saga Marvel VS Capcom qui perdure encore aujourd'hui, X-Men : Children of the Atom est un bon jeu qui souffre de quelques défauts de jeunesse. Côté technique, c'est presque un sans faute avec une esthétique dessin animée très réussie, des décors exceptionnels ainsi qu'un côté spectaculaire et démesuré des combats qui fait vraiment plaisir. Dommage que les développeurs n'aient pas complètement réussi à canaliser toute cette surenchère visuelle pour rendre les combats plus lisibles. C'est surtout en ce qui concerne la jouabilité que le titre peut diviser les joueurs. Les habitués de Street Fighter 2 risquent de trouver X-Men trop basé sur les combos, pas assez sur la stratégie et donc trop bourrin, alors que les adeptes des entraînements aux combos y verront là un superbe terrain de jeu aux possibilités très larges. La difficulté extrême du titre rebutera également le joueur occasionnel. Dans tous les cas, le jeu ne connaîtra qu'un succès limité, principalement aux US, la faute à pas mal de points à peaufiner, à commencer par les personnages, peut-être pas toujours bien choisis, à l'équilibrage perfectible et surtout pauvres en coups spéciaux.
Akuma est le personnage caché improbable du jeu |
Magneto pète la classe en boss final ! |
La note du gros JYP :
Base solide, mais à parfaire !
Une première collaboration entre Marvel et Capcom dans le monde du VS fighting plutôt réussie mais largement perfectible.
Télécharger X-Men : Children of the Atom version arcade
Vidéo de gameplay sur 1 crédit :