Les shoot Them Up sur Amiga 500

(1/2)

Les shoots sur Amiga (1/2)

Introduction

    Si Planetship Mission 2 a irrémédiablement révolutionné le genre du shoot-them-up, dire qu’il a tout inventé serait faire injure à l’age d’or du shoot, ce temps où les batailles intersidérales n’épargnaient aucune borne d’arcade, aucun ordinateur et aucune console de salon. Si des noms comme R-Type, Gradius et Thunderforce vibrent encore et toujours dans les doigts des pilotes de la génération 2D, c’est que sur la scène du shoot dominaient sans partage les seigneurs du genre, SEGA, IREM, Konami, j’en passe et des meilleurs. Et pourtant, cette domination nous ferait oublier bien injustement que loin de toute la mitraille nippone existait un autre monde où les lasers d’engins futuristes côtoyaient des joysticks bon marché malmenés. Ce monde tenait sur quelques disquettes et avait pour univers l’Amiga 500.

 
I Quelques repères chronologiques

    Depuis son arrivée dans nos vertes prairies, l’Amiga fut accompagné d’une ribambelle de shoot-them-up divers et variés, plus ou moins réussis mais n’ayant jamais suffisamment de personnalité pour marquer durablement les esprits. Avant 1989, les shoots les plus populaires sont souvent des adaptations des grands succès d’arcade tel que R-type ou Silkworm. Deux noms viennent donner à l’Amiga l’occasion de s’illustrer dans le domaine du shoot en 1989 : Xenon 2 : Megablast des Bitmap Brothers et Battle Squadron d’Innerprise Software. Xenon 2 s’impose par la qualité de ses graphismes, son ambiance aquatico-organique insolite et sa cultissime intro musicale digitalisée signée Bomb The Bass. Battle Squadron est quand à lui une exclusivité Amiga, un shoot vertical bien brutal s’offrant le luxe de rafler le tilt d’or du shoot 89 ex-aequo avec un certain ThunderForce 3 sur Megadrive…


 Xenon 2 et Battle Squadron, où l'arrivée de l'Amiga dans la cour des grands

    Fort de ces lettres de noblesse fraîchement acquises, l’arrivée des années 90 s’accompagne d’une nouvelle étape avec une revanche sur le passé honteux d’adaptations d’arcade pas toujours réussies, un retour aux sources concrétisé par deux titres : SWIV de Storm et Z-OUT de Rainbow Art. SWIV est la suite officieuse de Silkworm (SW étant les abréviations de Silkworm, comprenez Silkworm IV) alors que Z-Out ne cache pas sa ressemblance avec R-Type. A coté de ces deux nouvelles références, des adaptations plus réussies de titres arcades font leur apparition, avec notamment l’étrange mais néanmoins envoûtant Saint Dragon, de Sales Curve. Après une année 91 plutôt maussade, le retour en force des shoot-them-up sur Amiga se fait par l’intermédiaire de trois titres forçant le respect par la qualité de leur réalisation graphique : Agony de Psygnosis, Apidya de Blue Byte et enfin Project X de Team 17. Les gars de chez Psygnosis n’en sont pas à leur première expérience en matière de shoots avec à leur actif Blood Money et Awesome. Agony a pour ambition de chambouler l’ordre établi en proposant un shoot-them-up aux qualités esthétiques hors du commun, un peu comme l’avait fait Shadow Of The Beast quelques années auparavant. Apidya n’a pas de telles ambitions. Sorti de nulle part, ce shoot aux allures de productions nippones a su s’implanter discrètement parmi les meilleurs shoots de la machine. Enfin Project X est le bébé d’un studio de développement arrivé tardivement sur la scène Amiga, Team 17 qui s’offrit le luxe de devenir en l’espace de moins d’un an l’un des studios les plus apprécié par la communauté de joueurs commodoriens.

II Des shoots qui se suivent et ne se ressemblent pas

    Ce qui fait l’originalité du « paysage shoot » de l’Amiga, c’est l’hétérogénéité des titres présents sur ce support. En effet, contrairement à l’arcade et aux consoles de salon, il n’y a pas sur Amiga des spécialistes du shoot et du jeu d’action en général. Chaque équipe de concepteurs-éditeurs a son identité ludique, et lorsqu’elle sort un shoot, ce dernier ne peut que porter sa marque de fabrication. Ainsi Xenon 2 est un pur produit Bitmap Brother : animation pas super fluide, graphismes sombres et réalistes, etc. 

   Agony est quant à lui un shoot aux décors splendides mais aux sprites ennemis particulièrement laids et figés, comme dans la plupart des productions Psygnosis. On retrouve dans le Z-out de Rainbow Art un stage alien rappelant étrangement le dernier niveau de Turrican II du même éditeur. Enfin Project X propose une réalisation poussant l’Amiga dans ces derniers retranchements avec une animation ultra rapide et fluide, des digits techno et des graphismes fins et colorés, comme dans la plupart des titres Team 17… 

  Xenon 2 et Z-OUT: quelques secondes suffisent à reconnaitre
le savoir-faire des équipes Bitmap Brother et Rainbow Art.
  
    Cette diversité nuira dans une certaine mesure aux shoots de l’Amiga qui souffriront toujours de la concurrence arcade et console, la volonté des concepteurs n’étant pas de « consoliser » leurs productions, mais plutôt d’entretenir une estampille propre à leur savoir-faire. Bon ou mauvais choix ? Chacun sera juge, mais on peut regretter, au regard de la qualité des productions les plus « arcades » tels que Battle Squadron et Z-out que les intervenants du monde console n’aient pas entrepris de profiter des capacités techniques des ordinateurs 16/32 bits pour en faire une alternative de choix aux consoles, ou tout du moins optimiser un tant soit peu leur conversion de jeux arcades. Les shoot-them-up Amiga ont rarement pu se faire connaître et se faire reconnaître dans le monde des jeux vidéo. A l’écart des grosses productions japonaises inondant le marché de l’arcade et des consoles, ils peuvent être assimilés à des ovnis, des titres uniques ne bénéficiant pas d’un traitement de faveur de la part de leurs concepteurs polyvalents capables de passer d’un shoot pur et dur à une simulation tout en passant par la case plates-formes. Cela explique d’ailleurs l’absence de suites à la plupart des titres présentés ici, et ce malgré leur relatif succès commercial.

III Adaptations, références et exclusivités

    Le domaine de l’adaptation arcade sur Amiga a toujours été sujet à controverses tant le résultat pouvait s’avérer excellent (Toki, Pang) ou médiocre (Final Fight, Golden Axe). Rappelons cependant qu’en ce temps là, les machines de salon étaient bien moins puissantes que l’arcade et réussir à faire d’une adaptation une copie conforme à l’original relevait de l’exploit, voire de l’utopie. Quoi qu’il en soit, les conversions sur Amiga des shoots arcades souffrent de ce mal connu de tous qui consiste à bâcler le travail dans la mesure où seul le nom d’un jeu fait vendre. R-type, pourtant adapté par Rainbow Art n’est pas une mauvaise conversion en soi, mais elle ne tient pas la route face à l’excellence de l’adaptation PC-engine. Rainbow Art prendra sa revanche trois ans plus tard en sortant Z-out, véritable clone optimisé pour l’Amiga de R-type 2. L’adaptation sur Amiga de Silkworm, quand à elle, se verra récompenser d'un tilt d’or 89, et ce malgré un décalage certain avec la qualité graphique de l’original.

 Silkworm et R-Type: les conversions arcades étaient généralement "convaincantes" mais pas extraordinaires

    L’Amiga exprime véritablement son potentiel ludique quand le shoot est adapté à son seul support. Battle Squadron, SWIV, Agony, Apidya et Project X en sont les preuves les plus éclatantes. Même si le système d’armement d’Apidya et de Project X est directement emprunté au légendaire Gradius, ces deux titres n’en restent pas moins deux ½uvres originales sur la scène du shoot 16/32 bits. Outre le fait d’être une suite insolite de Silkworm, SWIV propose quand à lui l’innovation de pouvoir finir le jeu sans aucun arrêt ni séparation entre les stages. Quand on arrive au boss de fin de niveau, le scrolling s’arrête. Il redémarre une fois le boss vaincu. Enfin, alors qu’Apidya vous propose de prendre les commandes d’une guêpe et de partir à l’assaut de la faune insectoïde, Agony offre au joueur le loisir de contrôler une chouette dans un univers onirique qu’aucun autre concepteur ne saurait retranscrire mieux que Psygnosis.

  Agony et Apydia, deux shoots mettant en scène nos amis les animaux...