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Battle Isle
(1/1)- Nom : Battle Isle
- Editeur : Blue Kékétte
- Machine : Amiga
- Année : 1991
- Genre : Stratégie
Je me souviens, quand j'étais jeune et beau, j'observais les partisans commodoriens affronter les partisans consoleux, chacun prônant la supériorité de leur machine sur l'autre. Je ne comprenais pas grand chose à ce qu'ils baratinaient, et je me disais : « ils sont bien cons, ces gens, à s'entretuer pour si peu, les meilleurs jeux sur Amiga, de toute façon, ils ne cassent pas des briques techniquement parlant : regardez Lemmings, Canon Fodder, Kick Off, Push Over, Battle Isle… » Battle Isle…Et soudain une petite mélodie lancinante pénétra mon esprit, ou plutôt quelques notes issus des abîmes du passé, quelques notes répétitives qui agressaient délicatement nos tympans quand on guerroyait sur ce jeu de stratégie d'un autre temps, qui s'introduisaient dans notre cerveau, n'en sortaient plus et qui encore aujourd'hui imprègnent les recoins les plus sombres de notre boite à neurones.
Symphonie n°1, par l'orchestre philarmonique Battleislien
Battle Isle,
de Blue Byte, est sorti en 1991. Il s'agit d'un jeu de stratégie au tour par
tour dans lequel s'affrontent deux formations ennemies sur une carte quadrillée.
Pour l'instant rien d'exceptionnel : des jeux de stratégie, l'Amiga en possède
déjà quelques uns à cette époque, dont les fameux Defender of The Crown, Full
Metal Planet ou encore North & South. Alors pourquoi devrait-on insister sur ce
Battle Isle ? En fait, perverti par le confort visuel et ludique des STR
actuels, je ne saurais vraiment expliquer pourquoi ce jeu nous avait tant scotchés
des heures durant devant le moniteur avec quelques compagnons de délires vidéoludiques.
Je précise bien « avec quelques compagnons » car disons-le tout de
suite, Battle Isle est très pénible quand on joue seul. L'ordinateur n'est pas
très futé, bourrin à souhait et la faiblesse de son IA est souvent compensée par
une supériorité numérique des unités qu'il contrôle, supériorité qui frôle
parfois le grotesque avec un rapport de force pouvant atteindre le deux contre
un. Mais surtout, l'intérêt du jeu solo est en grande partie gâché par le temps
de « réflexion » du joueur CPU pendant les phases de mouvement :
c'est abominablement long, inhumainement long ! Premier constat
donc : Battle Isle est un jeu de stratégie pour ceux qui ont au moins un
ami.
Dans les parties deux joueurs, on commence avec le même nombre d'unités (à une ou deux près) et les cartes sont plus ou moins symétriques pour ne désavantager personne. Parfois, au centre de l'aire de combat se trouve un dépôt d'armes unique, histoire de motiver un peu les troupes des deux camps. Le plateau sur lequel évoluent les unités est composé de plusieurs types de terrains qui influent directement sur le déplacement de son armée. La route, accessible à toutes les unités (sauf aux bateaux, bien entendu, puisqu'ils flottent), est le terrain le plus rapide. La plaine ralentit légèrement la plupart des unités (sauf les avions, bien entendu, puisqu'ils volent), la forêt n'est accessible qu'aux unités légères, la montagne n'est accessible qu'à l'infanterie et la mer qu'aux bateaux, aéroglisseurs et autres sous-marins. Vous l'aurez compris, vous pourrez contrôler une multitude d'unités différentes au fil de votre progression dans le jeu. On commence par l'infanterie, les blindés légers et les transports de troupes, on termine avec des blindés lourds, des avions à réaction, des sous-marins, des canons longue-portée etc.
Ça devient plus intéressant quand l'aviation entre en jeu Les usines sont les éléments clés d'une partie
Les graphismes
n'ont rien de spectaculaire et c'est tant mieux. Au moins, ils n'agressent pas
la rétine et les différents types de terrains se distinguent très facilement au
sein du quadrillage. D'ailleurs, les décors que proposent les disques scénarios
(le désert et le paysage lunaire) sont plus fouillis et moins agréables à mon
goût. Entre les phases de jeu, les seules animations du jeu, ridiculement
ridicules, illustrent les combats amorcés par l'un et l'autre des joueurs ainsi
que les éventuelles prises de bâtiments par l'infanterie.
Finalement, je ne
donnerai aucune note à ce jeu. Il constituait à mon sens un titre
indispensable pour s'éclater quand on avait un Amiga, un ami et des soirées de
libres car les parties, sans être interminables, pouvaient durer plusieurs
heures. Pour conclure, je reposerai cette question : Pourquoi Battle Isle
s'est-il démarqué des autres jeux de stratégie de son temps ?
Réfléchissons un peu : une diversité d'unités de combat qui se foutent sur
la gueule, un système d'expérience acquise au combat, de la collecte de
minerais pour fabriquer des unités, des stats en fin de parties… hum, tout cela
me rappelle quelque chose. Bien sur, je ne me permettrais pas d'affirmer que
Battle Isle s'imposait, deux ans avant Dune II, comme l'ancêtre suprême des STR
d'aujourd'hui. Disons juste qu'il est fort probable que de nombreux concepteurs
de jeux de stratégie d'hier et d'aujourd'hui eurent, un moment ou un autre au
début des années 90, un exemplaire du titre de Blue Byte sur leur bureau…
Battle Isle a bénéficié de multiples suites et autres clones directement inspirés par le gameplay du titre de Blue Byte. On retrouve donc les deux disques scénarios de 92 et 93, ainsi qu'une version historique très réussie intitulée Historyline 1914-1918. Il y eut également un Battle Isle 2, puis un 3, puis un qui s'appelait The Andosian War, l'autre Darkspace, mais comme vous vous en doutez, ce n'était déjà plus la même chose.