Batsugun

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Editeur : Toaplan

Genre : Shoot Them Up Vertical

Sortie : 1993

Machine : Arcade

Taille de la rom : 2,3 mo (+ 175 ko pour la special version)

 

N'importe quel fan d'émulation et de retro-gaming se doit de connaitre Toaplan. De 1984 à 1994, que ce soit sous son nom propre ou pour d'autres éditeurs (Taito entre autres) le développeur japonais a su nous offrir nombre de jeux de qualité, particulièrement des shoot-them-up devenus pour la plupart des classiques (Truxton, Zero Wings, Twin Cobra...). Dernier grand jeu sorti quelques mois avant la disparition de cette société mytique, Batsugun n'est pas q'un simple shoot, c'est surtout le symbole d'une ère nouvelle dans le monde du jeu d'arcade.

 

I. C'est reparti comme en 40

 

Une fois de plus, la Terre est envahie par une race belliqueuse alien. Là, ce sont les "Skull Hornets" (litterallement les frelons squelettiques) qui veulent pêter la tronche aux pauvres humains sous-développés que nous sommes. Heureusement, comme d'habitude trois courageux jeunes gens avides de sensations fortes vont se mettre en tête de défaire l'armée du mal à eux seuls.

 

Sans crainte et sans peur, les héros de toutes les couleurs !

 

Comme vous l'avez deviné, Batsugun propose le choix entre trois vaisseaux respectivement pilotés par Jeeno, Beltiana et Iceman. Chaque appareil possède ses propres caractéristiques.

- Jeeno est assez lent mais possède une bonne couverture. Son appareil ne dispose pas du tir automatique et vous devrez mitrailler le bouton de shoot pour cracher vos munitions.

- Beltiana est plutôt rapide et dispose d'une arme à couverture réduite (dans un premier temps) mais à tir automatique, plus d'obligation de taper comme un fou sur le bouton.

- Iceman est un bon compromis entre les deux du dessus. Mais il possède en plus un système d'armement interessant. Selon que vous mitraillez le bouton ou que vous le laisser maintenu, vous aurez deux types d'armes différentes. Système qui ne tardera pas à devenir un standard du maniac shooting.

Un conseil, choisissez plutôt de jouer avec Beltiana. Même si elle parait moins polyvalente dans un premier temps, surtout comparée à Iceman, c'est elle qui possède les upgrades les plus interessants, avec notamment l'adjonction d'un tir à tête chercheuse très utile quand elle sera au maximum de ses capacités.

 

   

 Une bonne tête de vainqueur                           J'ai un laser rose, je suis...une fille !

En plus du bouton de tir, le jeu vous propose la classique smart-bomb en quantitée limitée (trois au départ) à balancer avec le bouton 2.

 

     

Un tir tout riquiqui pour débuter                           Mais de jolies smartbombs !

 

II. Du bruit, des couleurs, de la fureur

 

Au cours de notre périple, il nous sera bien entendu possible de récupérer des power-up et des smart-bombs. Les power-ups sont au nombre de cinq mais le jeu propose en plus un système d'experience inspiré des RPG. A chaque fois que vous tuez un ennemi, vous gagnez des points d'XP. Vous le remarquerez via les petits « + x » apparaissant à la destruction de chaque fieffé alien et qui contribuent à remplir la jauge en bas à gauche de votre écran intitulée "level". Dès que celle-ci est pleine, elle augmentera d'un niveau décuplant notre puissance de feu. Il existe en tout trois levels d'XP, multipliés par les cinq power-ups possibles par "level", cela nous donne l'occasion d'upgrader notre arme jusqu'à 15X, ce qui est plutôt exceptionnel et nous confère une puissance de feu très impressionnante quand on est "full". Autre chose très appréciable, si on utilise un continue, contrairement à nombre de jeux de l'époque ou l'on repartait « à poil », ici on reprends au dernier level obtenu, c'est très agréable et atténue la sensation « bouffe-crédits » généralement observée dans les jeux d'arcade old-school.

 

  

 Ca va chier !                                                     Avec un peu d'experience, on se sent de suite mieux !

 

L'aspect bourrin de la mise en scène surprends pour un jeu de cette époque et l'action laisse peu de répits et de temps mort. Les ennemis sont nombreux et variés : un bestiaire par niveau avec parfois des ennemis plus gros apparaissant seuls ou par paire et faisant office de bosses de mi-niveaux. Ils tirent de nombreux projectiles entre lesquels il faudra slalomer tout en répandant notre puissance de feu. En cela, la hitbox est bien plus permissive que la plupart des jeux sortis à l'époque. Pour rester chez Toaplan on est très très loin d'un Truxton ou d'un Zero Wings au rythme faussemement tranquille mais à la précision diabolique ne tolérant pas la moindre erreur.

Cependant, Batsugun est loin d'être facile. C'est un jeu très court (à peine une petite demi-heure de jeu grand maximum pour le finir) mais intense. Il y a cinq stages, dont les trois premiers sont archi-courts et qui tiennent d'avantage d'échauffement avant d'affronter le boss. La difficulté est progressive dans ceux-ci mais à partir du quatrième, la difficulté monte soudainement. Vous vous faites attaquer de toutes parts, les boulettes viennent de tous les cotés, il sera necessaire d'apprendre par coeur tous les patterns ennemis si vous ne voulez pas enchainer « continue » sur « continue ». Bizarrement, le cinquième et dernier niveau, bien que difficile, est bien moins infernal que le précédent.

 

Cette puissance de feu ne sera pas de trop dans les derniers niveaux

 

Les bosses sont quant à eux imposants et coriaces. Lourdement armés, ils nécessiteront pour la plupart de les combattre durant de longues minutes parfois sous plusieurs formes et transformations...

 

Deep Purple, le premier boss, est imposant mais pas bien difficile à battre

 

Les choses sérieuses commencent avec Madzella, le boss du second niveau, il va falloir apprendre à slalomer

 

Un gigantesque vaisseau à démanteler, un classique

 


Ces sacrés japonais ont toujours confondu le "R" et le "L"

 

III. Aïe, Score !

 

On a tendance à l'oublier de nos jours, mais le but premier d'un jeu d'arcade est de réaliser le plus gros score, d'inscrire nos trois pauvres caractères tout en haut du tableau d'honneur avant l'extinction de la borne en fin de soirée qui remettra malheureusement tous les paramètes en mode usine :(

 De ce point de vue, Batsugun propose un challenge des plus intéressants. Après chaque destruction d'ennemi, vous aurez la possibilité de ramasser des "médailles" en forme de "V". En plus d'augmenter votre score de manière immédiate, il y a un deuxième effet kiss-cool. En effet, si vous terminez le niveau sans perdre une seule vie, ces médailles seront de nouveau décomptées à la fin comme un bonus.

Une autre astuce consiste à détruire un maximum d'ennemis du même type en même temps, en lâchant une smart-bomb. La c'est le jackpot assuré.

Autre option sympa : de temps en temps, un item "cochon" (aucun sous-entendu graveleux) appraitra, et si vous restez dessus, votre score augmentera.

 De manière plus classique, vous aurez deux manières de battre les boss. En vous concentrant directement sur le point faible de chacun pour l'exploser le plus rapidement possible, ou en l'émiettant pièce par pièce. Cette méthode, bien que plus casse-cou, vous assure un gain de points d'experience et une augmentation du score non négligeable.

 


Encore Deep Purple, vous pouvez vous en débarasser directement en détruisant son canon central, mais c'est moins marrant

 

    

Tout est bon dans le cochon !                             Rien ne va plus !

 


Pas de points, pas d'argent. PS : Pour les fanas de Cave, Vous ne remarquez rien sur cette photo ?

 

IV. Mais sinon, il est beau ce jeu ?

 

Coté réalisation c'est plutôt le pied. 1993 était une période de transition qui voyait arriver les premiers balbutiements de la 3D tandis que la 2D était à maturation. Les premières consoles 32-64 bits (Amiga, 3DO, Jaguar) pointaient seulement le bout de leur nez et les jeux d'arcade de cette aire pré-playstation proposaient encore des jeux d'une qualité bien supérieure à ce que pouvaient offrir une Megadrive, une Super Nes ou une PC-Engine. On bavait littéralement sur ces bornes surpuissantes dont on aurait tué père et mère pour les avoir chez soi.

Graphiquement, ce jeu est une tuerie. Les décors et les sprites sont ultra-fins et fourmillent de détails. Il n'est par exemple par rare de voir l'impact de vos actions comme un "cadavre" d'un char récemment explosé ou même un trou dans le sol. Idem pour l'animation ultra-léchée et qui sert bien la dynamique générale malgré quelques ralentissements quand le décor est particulièrement chargé, ce qui arrive très souvent à partir du quatrième stage, mais heureusement ce n'est pas bien génant.

Je suis plus mitigé sur l'aspect sonore.Les bruitages sont assez kitch et les thèmes classiques, sauf peut-être celui du dernier niveau, épique à souhait.

 

  

 Un niveau de détail assez impressionnant

 

V. Batsugun Prime Champion Edition

 

Il existe une autre version de Batsugun : la "special version" sortie à l'occasion du show AOU (salon du jeu d'arcade qui a lieu tous les ans au Japon) quelques mois avant la faillite de Toaplan. Très difficile à trouver en carte Jamma, on peut grâce à Mame en profiter à volonté à la maison.

 Sur la forme, les décors, les ennemis et les menus ont été color-swappés à la mode "street fighter", pour le meilleur et pour le pire. Si le premier niveau et le troisième ont gagné en finesse, l'aspect « psychédélico-flashy » du second pique quelques peu les yeux. Mais c'est surtout la jouabilité qui a été en grande partie reliftée.

 

 

Le troisième niveau est super beau en édition spéciale, du grand "pixel-art"

Plus précisemment, un troisième bouton a été rajouté pour le tir automatique, ce qui va se ressentir sur la manière de jouer, particulièrement si vous choisissez Jeeno ou Iceman. Les smartbombs sont différentes et plus puissantes, et surtout le jeu est bien plus facile grâce à une hitbox très très permissive, très proche du standard du maniac-shooting actuel. C'est particulièrement flagrant dans les quatrièmes et cinquièmes stages faisant office de promenade de santé comparés à l'édition originale. Je me suis même surpris à battre le boss final sans perdre une seule vie lors de ma toute première partie. On dispose aussi d'une sorte de "bouclier" car il m'est arrivé plusieurs fois de me faire toucher mais sans perdre de vie (mon vaisseau clignotait). Cependant je n'ai pas compris les facteurs qui rentraient en jeu pour déclencher cette action.

 

  

Ca c'est de la frappe chirurgicale !

Enfin, lorsque l'on bat le dernier boss, le jeu nous renvoie à partir du niveau 2 pour un second round plus difficile. A chaque fois que vous terminerez le jeu, un stage sera de nouveau supprimé jusqu'au 4ème. Il vous faudra boucler 4 rounds (soit 14 stages) pour terminer entièrement le jeu. Cette version est donc clairement orientée vers le scoring et la performance.

Batsugun est aussi sorti sur Saturn en 1996, édité par Banpresto sous le label "Toaplan Legendary Series". Je n'ai jamais eu l'occasion de m'essayer à cette version, mais d'après les vidéos Youtube, hormis l'ajout d'options et les temps de chargement, le jeu semble être une copie conforme de la borne. La conversion propose le choix entre le jeu original et la "special version".

 

Conclusion : les premiers sont les derniers, mais les derniers sont les

premiers

 

Sorti en 1993  Batsugun est considéré comme le premier « Maniac Shooter » de l'histoire, bien avant que ce terme soit employé. Cela n'est sans doute pas un hasard. Quelques temps après la banqueroute de Toaplan, Kenichi Takano, son designer en chef est parti fonder Cave. Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir l'héritage de Batsugun dans les shoot Cave, en particulier la serie des Donpachi.

Que ce soit la mise en scène nerveuse, la manière de scorer (radicalisée par la suite via un système de "hits combo"), les bosses gigantesques à démanteler pièce par pièce, le système d'armement variant selon l'utilisation du bouton de tir, et même la  reprise du symbole du frelon pour les méchants, on peut affirmer sans trop se tromper que Batsugun constitue une sorte de préquelle de Donpachi, et plus généralement du "style Cave".

Mais Batsugun ne se contente pas d'être un simple "brouillon". Son excellente jouabilité, sa difficulté jamais vraiment frustrante et et son système d'upgrade jouissif couplés à une réalisation encore excellente même plus de 20 ans après font qu'il mérite largement sa place au panthéon du shoot them up.

 

Note : 17/20

 

 Mais tout le plaisir est pour nous !

 

 

Article rédigé par chaz le 17/06/2015