MANIAC MANSION

(1/1)

Nom : Maniac Mansion

Machine : Atari ST

Année : 1987

Editeur : LucasFilm Games
Genre :  Jeu culte

Maniac Mansion est une légende du jeu vidéo et à plus d'un titre. A la fin des années 80, les jeux d'aventure se résumaient souvent à de jolis tableaux statiques et des actions à faire dessus, le plus souvent en tapant des mots-clés et autres directives, en anglais neuf fois sur dix. Alors c'était bien certes, riche en rebondissements, mais finalement assez peu accessible à un jeune public avide de rapidité, d'action et de facilité.

 

Syd le blond est un vrai new wave : cravate jaune fluo, pompes jaunes fluo !

 

Lorsque George Lucas décida d'investir quelques-uns de ses millions de dollars dans l'industrie des jeux vidéo en créant sa boîte, appelée LucasFilm Games et qui sera rebaptisée ensuite LucasArts, il se dit qu'il lui fallait un jeu sortant des sentiers battus pour bien faire parler de lui dès le début. Il se tourna vers un certain Ron Gilbert, un de ces gros geeks au cerveau bien irrigué par les chips et autres barres chocolatées, et qui bossait sur une interface révolutionnaire pour les jeux d'aventure : le SCUMM, ce qui veut dire Script Utility for Maniac Mansion. Avec ça, le jeu se gère entièrement à la souris et est à la portée d'un gamin de 5 ans. On clique sur des endroits, sur des mots, on associe tout ça et ça marche. Le click and play venait de naître et Maniac Mansion fut son cheval de bataille.

 

 

Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir... Mais qu'est-ce que vous allez vous poiler !

 

Maniac Mansion raconte une histoire qui peut sembler on ne peut plus usée jusqu'à la corde dans un premier temps. En effet, la petite amie de Dave Miller, Sandy, a été kidnappée par Fred, un savant fou, accompagné de sa femme Edna (folle également) et de leur fils unique Ed (pas fou lui mais assez bizarre quand même). Sandy est retenue dans leur gigantesque manoir. Dave et deux de ses amis s'y collent pour aller la délivrer. Débile hein ? Digne des Chevaliers Du Zodiaque ! Mais par la suite, on découvre une sombre histoire de météore qui s'est écrasé dans le coin il y a de ça une vingtaine d'années et que bien des choses ont changé depuis…(musique sombre en fond sonore)

 

La momie dans la baignoire, c'est le cousin Ted. N'ayez crainte, il est mort depuis un bail...

 

Toujours est-il qu'il faut aller délivrer cette pétasse de Sandy, sinon, samedi soir, on se la mettra sous le bras. Une fois entré dans le château, c'est tout une maison qui se découvre à vous. Les curieux de nature ne pourront s'empêcher d'être émoustillés par le fait de pénétrer chez des inconnus et de regarder comment c'est chez eux, de fouiner, d'ouvrir les tiroirs. Chaque pièce a son ambiance, toujours dans le côté humour noir et les objets sont innombrables.

 

J'ai proposé à la tentacule verte une canette de Pepsi, voilà ce qu'elle m'a répondu...

 

L'interface séduit de suite. On clique et le personnage se rend tout seul là où on le lui a demandé. Ça ne semble rien comme ça mais c'était une petite révolution à l'époque. Et en plus, pas de problème de maniabilité comme avec les Voyageurs Du Temps par exemple. Dans ce dernier, il n'était pas rare de voir le personnage bloqué dans un recoin ou accroché par un pixel. Et ne parlons même pas des problèmes de proximité pour prendre un objet, toujours trop loin ou trop prêt. Dans Maniac Mansion, ces histoires de mauvaise programmation n'existent pas. Le personnage se déplace tout seul et n'est pas idiot, il prendra toujours le bon chemin de lui-même pour se rendre là où vous le voulez.

 

Sexy la playmate au mur !...

 

La chose la plus surprenante du jeu est de faire équipe à trois. En effet, Maniac Mansion ne résume pas à un courageux qui entre chez des fous et les deux autres qui attendent dehors. Non, tout le monde participe. Et chaque personnage apportera ses compétences. Il s'agira de bien choisir donc dès le début car certaines actions ne seront faisables que par certains personnages. Par exemple, pour les choses à base d'électronique ou de bricolage, Bernard le geek sera parfait, mais question courage, ce n'est pas vraiment ça. On lui préfèrera plutôt pour ce genre de travail le clone de Brice de Nice, à savoir Jeff. Se passant le relais, par l'entremise de la commande « changer », les trois compères peuvent se trouver chacun à un endroit particulier, avec leurs objets, sans aucun problème. SCUMM gère très bien tout ça.

 

Même en taule, Jeff garde le sourire !

 

La difficulté est monstrueuse et l'on se demande si ce genre de jeu n'est pas fait pour être joué avec la solution complète juste à côté de soi. Bien malin celui qui a réussit à l'époque à le terminer tout seul sans tricher. Le fait de devoir diriger trois personnages quasiment en même temps, de choisir lequel ira faire telle ou telle action, quel objet prendre, et de jongler avec des timings cruciaux (ne pas tomber sur les habitants du manoir, sinon, c'est la taule) n'arrangent rien. On teste tout, même les trucs les plus saugrenus ; surtout les trucs le plus saugrenus ! Reste à savoir ensuite si ça va marcher et quelle incidence cela provoquera.

 

La chambre de la tentacule verte.

 

Le jeu se veut vicieux quasiment dès le début car, pour ouvrir la porte blindée, il vous faudra un code trouvable uniquement dans la notice. Et attention, en cas de mauvaise réponse, toute la baraque et ses occupants seront désintégrés dans une explosion après une alerte sonore assez maousse. Mieux valait donc acheter le jeu en original à l'époque, mais c'était vraiment sans regret tant la qualité était au rendez-vous. Enfin, n'oublions pas la puissance financière de Lucas qui traduisit intégralement ses jeux dans toutes les langues de chaque pays où ses disquettes étaient vendues. A moins d'être illettré, plus aucune excuse pour ne pas y jouer !

 

Quelques pièces sont dans l'obscurité, il vous faudra trouver l'interrupteur.

 

Maniac Mansion est un pur produit des années 80. On sent l'influence de MTV dans les looks et la mentalité des personnages. On y retrouve de l'humour potache et pas très fin, une sorte de mix entre American College et Les Contes De La Crypte ! Les références à des films d'horreur et de série Z sont également nombreuses. Les programmeurs s'en sont donnés à cœur joie et ont salement déliré parfois. Citons l'exemple de la punkette Razor qui peut mettre le hamster de Ed dans le micro-onde (scène censurée sur la version Nintendo).

 

Le docteur Fred et Sandy.

 

Le jeu rafla tous les prix et se fit une énorme réputation parmi les joueurs, bien contents de pouvoir jouer à autre chose qu'à des histoires de sorcier de bas étage devant aller reprendre un cristal foireux dans une forêt enchantée. L'identification était également très forte car les personnages de Maniac Mansion étaient comme eux. Des jeunes, modernes et branchés, pas trop pauvres, drôles, plutôt lâches mais ingénieux. Un tel succès ne pouvait rester unique et on vit débouler d'autres jeux du même éditeur reprenant exactement le même concept, comme par exemple Zak McKraken And The Alien Mindbenders (jeu encore plus cintré !), Indiana Jones And The Last Crusade ou The Secret Of Monkey Island. Carton plein ! Notons également la suite directe de Maniac Mansion : Day Of The Tentacle.

 

La légendaire scène du hamster dans le micro-onde !

 

Maniac Mansion est un classique du genre et se doit d'être tout au moins essayé. Et si les émulateurs vous ennuient, sachez que le jeu est ressortit récemment dans une version gratuite en 256 couleurs pour Windows XP, facilement trouvable sur le Net, et pondue par des fans de la première heure. Preuve de l'intérêt de la chose, même 20 ans après. Ne vous en privez pas.

Note : 18/20

SM

PS : mis à part les captures d'écran, les images illustrant cet article ont été empruntées ici : http://members.fortunecity.com/harang/


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Article rédigé par SM le 20/03/2007
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