Road Avenger

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Ecran titre
  • Nom : Road Avenger
  • (Road Blaster FX au Japon)
  • Editeur : Data East
  • Console : Mega-CD
  • Année : 1993
  • Genre : Film Interactif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N.B. : les captures d'écran ont été recadrées pour améliorer leur lisibilité. Le jeu n'est pas en plein écran.

Je ne sais pas si vous suiviez l'actualité vidéoludique de près en 1992-93, mais en tout cas moi pas franchement. A tel point que j'avais beau posséder une Megadrive que j'aimais d'amour, l'arrivée du Mega-CD ne m'a pas franchement émue. Ce n'était pas faute d'ignorer de quoi était capable la bête : les VHS promotionnelles distribuées dans la presse spécialisée m'avaient permis de découvrir des titres comme Thunderhawk ou Wonderdog, mais il me semblaient n'être que des vidéos moches et sans intérêt, ou bien des titres à peine plus chouettes que sur la console seule. A vrai dire, seul Night Trap, par son côté nanar, avait quelque peu capté mon attention.

Et joie, il est loin d'être le seul jeu nanardesque de la plateforme. Ce n'est pas vraiment étonnant : tourner un court-métrage en prises de vues réelles avec le budget d'une publicité pour une convention obsèque implique de faire des choix. Mais ce n'est pas tout à fait le cas ici, car dans Road Avenger (oui, c'est de lui dont il est question, vous ne regardez pas où vous cliquez ?) l'aspect nanar est volontaire.

 J'espère qu'il s'est essuyé les roues avant de rentrer.  Un petit coup de turbo, et il n'y aura plus personne.
 Avé, Cesar, ceux qui vont mourir de honte te saluent.  Non, on ne peut pas écraser les vaches.


L'intro animée présente le pitch : alors que le pays est à feu et à sang, ravagé par des bandes de motards et de voyous motorisés, vous ne trouvez rien de mieux que de vous marier et de partir en lune de miel dans votre Honda rouge décapotable, façon Out Run. Las, des hordes de barbare vous rentrent dedans, et vous précipitent dans un ravin. Votre épouse meurt dans l'accident, et alors que les mécréants s'éloignent en ricanant, vous vous relevez en bravant les flammes, et en serrant les poings. Votre cœur meurtri crie vengeance devant cet acte intolérable, où y'a pas de tolérance !

Bim, écran titre, qui brille et tout.

Start, et là, ouh, encore un dessin animé, décidément, on n'y est pas allé de main morte niveau narration chez Wolf Team. Sauf que non, ce n'est pas une cinématique, tout le jeu est comme ça. Road Avenger est un dessin animé interactif : l'action se déroule sous la forme d'un film, et vous devez faire ce qu'on vous dit, quand on vous le dit : allez à droite, à gauche, freiner ou donner un coup de turbo. Les indications apparaissent à l'écran, et il faut les éxécuter, sous peine de se crasher. A la moindre erreur, c'est l'accident, et on est bon pour recommencer depuis un check point. Le gameplay est donc extrêmement limité, et ne laisse absolument aucune place à une quelconque initiative personnelle. Une flèche clignote à droite, on maintient droite, le turbo apparaît, on appuie sur A, ça ne va pas plus loin.

 Même les moissonneuses-batteuses sont contre vous.  Braquez à gauche pour virer ce popotin de votre voiture.
 Absolument, on peut faire des courses de stock car dans les égouts. Vous l'ignoriez ?  Et encore, vous n'avez pas vu la vrille qui précède.


Mais alors, quel intérêt ?

Et bien, déjà, le gameplay est plutôt bien foutu. Les actions demandées font sens, et on n'est pas tout à fait contraint de réagir par pur réflexe : si on a braqué à gauche pour éviter une moto, il faudra ensuite contrebraquer à droite. Si vous arrivez face à un mur, freinez, si un ennemi traine devant vous, un coup de boost le fera voler dans le décor. On n'est pas dans l'improvisation totale, même si dans les niveaux avancés on est un peu obligé de fonctionner au radar.

Mais surtout, c'est bêtement rigolo. Et on revient au côté nanar assumé.

Déjà, le coup du cavalier mécanique solitaire en quête de vengeance, ça ne sonne pas tellement tellement film d'auteur. Les hordes d'ennemis tout droit sortis d'un mélange entre un péplum, un post-nuke italien et Hokuto no Ken font également doucement sourire.

Mais surtout, les équipes s'en sont donné à coeur joie au niveau des environnements traversés. Tout au long des neuf stages, vous aurez l'occasion de rouler au bord de falaises escarpées, sur des quais occupés par des bateaux de plaisance, dans des rues touristiques bondées, mais vous traverserez également des immeubles, un palace (en prenant l'escalier), vous slalomerez entre des vaches et des bottes de foin, tout en évitant les moissonneuses batteuses, participerez à ces combats de voiture dans des égoûts, et j'en passe. Et vas-y que je fais décoller ma voiture juste en acélerrant, que je passe à travers un hélico en donnant un coup de turbo à ma caisse en plein vol, que je fais des tonneaux en dévalant les falaises, pour atterir sans souci grâce à un petit coup de frein, tout ça en enchaînant les poses badass de la voiture... Road Avenger, c'est du nawak total, à tel point que j'ai eu un mal de chien à choisir les captures d'écran illustrant cet article, tant on est dans la surenchère permanente.

 Après le Mc Drive, le restaurant 3 étoiles Drive. On n'arrête pas le progrès.  Ici, un camion  vous envoie des voitures à la figure. Evitez-les sans en percuter d'autres !
 J'aime les longues promenades sur la plage...  Parfois, on a droit à des inserts avec les réactions des badauds. Et c'est le drame...


Et du coup, c'est assez rigolo. Certes, pas longtemps : avec un minimum de concentration on arrive au dernier stage lors de sa première partie, en une petite demie-heure. Là, les choses se gâtent, mais avec un peu de mémoire ça finira par passer. Et une fois le jeu terminé, et qu'on a réussi le run parfait, il ne reste pas grand chose à faire, si ce n'est tenter le mode Hard qui retire toutes les indications à l'écran. Un peu léger.

Il était dans ces conditions tout à fait impossible de recommander l'achat de Road Avenger à l'époque, même d'occasion, la claque technique (un dessin animé dans ma console, quoi ! merde, la classe !) ne suffisant pas à justifier une durée de vie et une replay value rachitiques.

Mais aujourd'hui, c'est bien différent, et il serait dommage de passer à côté d'une telle expérience, qui fait quand même partie des meilleurs jeux du genre, et d'une potentielle barre de rire. Allez, ne vous faites-pas prier, ça restera entre nous...

P.S.: Attention, pour jouer sur un émulateur il faut impérativement activer l'option "Perfect synch", ou le jeu ne se lancera pas.


A tout seigneur tout honneur, rappelons que Road Avenger est sorti à l'origine sur Laser Disc, tout comme Dragon's Lair ou encore Astron Belt. Cette version originale, qui n'est pas la plus connue, est bien plus jolie, car elle ne souffre pas des limitations techniques de la MD.

Il existe également une version Saturn, dans une compilation avec Cobra Command, qui est identique à la version Laser Disc mais dispose de nouvelles musiques. Les vrais fans du jeu en sont d'ailleurs malades.

Les images prochainement...

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Article rédigé par Shenron le 30/03/2011