Il y a une semaine.
La Cadillac rose s’arrêta devant le bar. Son conducteur entreprit de la garer en épi sur la seule place de parking encore libre, sous le regard des badauds perplexes devant le gros autocollant Kirby qui ornait l’aile de la voiture. Ils virent le conducteur sortir, il s’agissait d’un homme d’allure beaucoup plus ordinaire que son moyen de locomotion, ils ne lui prêtèrent donc plus attention. Ils n’avaient pas reconnu en lui le célèbre Zapier, l’éminent designer de trophées et de bannières. Pourtant ils avaient à coup sûr déjà contemplé au moins l’une de ses œuvres un jour. A commencer par l’enseigne du bar devant lequel ils venaient de passer avant de s’éloigner dans l’obscurité nocturne. Zapier, lui, c’était là qu’il se rendait. Avant d’entrer, il fit une halte pour admirer l’enseigne qu’il avait conçue, sur laquelle on pouvait lire : “Planetemu - …”.
“La nouvelle déco en Vbulletin rend pas mal, se dit-il, quoiqu’en aient pu dire certains...”
Il jeta un coup d’œil circulaire sur les véhicules déjà garés devant le bar Planet et remarqua une inquiétante Harley noire bardée de têtes de morts.
“Parfait, il est là.”
Puis il poussa la porte de l’établissement.
Les clients assez nombreux qui peuplaient la salle ne s’intéressèrent pas à lui, trop occupés à jouer aux bornes d’arcade ou à des DDR, ou encore à laisser pendre leurs langues devant une strip-teaseuse aux formes généreuses qui se lovait contre un mât en fer. Cette fille canon disait quelque chose à Zapier, mais il ne parvenait plus à mettre un nom sur son visage.
Il s’accouda au comptoir où Reeko le tenancier l’accueillit avec un sourire entendu. Il lui déboucha une bière pour la forme, puis profita de l’inattention générale pour le faire passer dans une arrière-salle. Là, il abaissa une applique murale ; sans bruit un pan du mur coulissa et Zapier franchit cette entrée secrète sans se retourner. Il descendit une volée de marches pour déboucher dans une vaste salle de rendez-vous clandestins. Depuis la promulgation d’une loi anti-téléchargements aux contours très flous, beaucoup de fans d’émulation n’osaient plus se montrer sans leurs masques de paint-ball, ou bien préféraient se retrouver dans des salles de réunions secrètes comme celle-ci.
Pour l’heure, la salle paraissait plutôt vide. A part Titoph qui était en train de décorer les murs avec de magnifiques posters de ses screenshots, il ne vit que 2 occupants, qu’il trouva avachis dans un canapé à jouer à un jeu de corde à sauter devant leur écran. Lorsqu’ils remarquèrent le nouvel arrivant, ils interrompirent leur partie et se levèrent pour le saluer. Le premier levé toisa Zapier d’un regard bleu, saurien et amical, et lui serra la main.
“Hello de Lu, Zapier. Comment vas-tu ? demanda-t-il.
- Très bien, Chemicalstöf.
- Non, moi c’est Dino. T’es prêt pour les Planétars de cette année ?
- Pour sûr ! C’est vrai, j’ai été un peu pris ces derniers temps. Mais Clément fêtait ses 1 an, alors tu comprends, j’avais du boulot : faire des combos à Street Fighter 2 Hyper Fighting Super Nintendo, lui apprendre à finir Super Mario Bros Nes en 1 vie, enfin bref, le B.A.Ba, quoi.”
Tout en lui serrant la main énergiquement, le deuxième occupant du canapé, un gars mal rasé à l’air peu recommandable mais au sourire franc et malin du chieur patenté, tint à le rassurer.
“On comprend bien, vieille branche. Ne te bile pas pour ça.
- Merci, Tonio. Et je ne suis pas une vieille branche.
- Par contre, essayons de ne pas trop parler bébé à haute voix. En ce moment, c’est tendu avec Aude, alors je préfère ne pas aborder de sujet épineux.
- Pour en revenir au retard qu’ont les Planétars cette année, enchaîna Dinofly judicieusement, ce n’est pas trop grave que tu n’aies pas pu te libérer plus tôt, car JFM aussi est à la bourre.
- ‘A la bourre’, c’est le cas de le dire !” s’exclama Tonio en riant.
Zapier n’avait pas compris le bon mot du patron de Planet, mais il n’allait pas tarder à le faire.
Il regarda d’abord autour de lui dans la salle et demanda à ses hôtes webmestres :
“Justement, je suis venu pour le voir, j’ai vu sa Harley garée devant le bar, et je suis surpris de ne pas le trouver avec vous. Où est JFM ?
- Mais je suis là, lui répondit une voix d’outre-tombe dans son dos, je suis là à boire le nectar de vos paroles.”
Zapier fit volte-face et découvrit non sans réprimer un frisson la silhouette inquiétante d’un fossoyeur vêtu de cuir clouté. A chaque fois qu’il voyait JFM, il ne pouvait s’empêcher de frissonner, même si depuis qu’il avait travaillé l’an dernier avec lui sur les Planétars, il avait moins peur et ne croyait plus du tout les rumeurs dépeignant le Topic Digger comme un tueur en série nécrophile.
“Je ne t’avais pas entendu, dit Zapier avec un sourire gêné.
- J’ai été pas mal pris, moi aussi, commença le fossoyeur...
- ‘Pas mal pris’, c’est bien dit, pouffa Tonio avec la goguenardise d’un chieur.
- ...mais je suis là aujourd’hui. On va s’atteler à mettre sur pied les Planétars 2006, de façon à ce que l’on puisse lancer le topic des festivités pour le week-end du 1er avril.
- Une semaine pour tout faire ? s’étonna Zapier. Tu ne crois pas que la deadline est un peu short ?
- Et le 1er avril, dit Titoph depuis le fond de la salle, vous ne croyez pas, Mr JFM, que les gens pensent que c’est une blague ?
- J’ai dû annuler ma participation à une IRL avec Kobras et Souille pour être avec vous, alors commencez pas à me les briser, ok ?
- Mieux vaudrait pas, dit Tonio en se roulant par terre, y en a une qui en aurait trop besoin, de tes...!
- Mais qu’est-ce qui se passe ici ?! le coupa une voix rugissante. Tonio, c’est quoi ce souk ?!”
Si la voix était tranchante, elle appartenait pourtant à la gracieuse et fragile nouvelle arrivante : la belle Aude.
“Je peux savoir ce que vous faites tous là pendant que Reeko au bar est débordé par les commandes ? rouspéta-t-elle.
- Mais, ma chérie, intervint Tonio, tu sais bien que nous devions nous réunir. Le temps des Planétars est arrivé.
- Quoi ?! tonna la belle, tu comptes cette année encore monter cette cérémonie de pochetrons ? Tu sais combien ça nous a coûté l’an dernier, ne serait-ce que les consos du Planétar du + Légendaire qu’il est parti sans payer ???!!!
- Mais voyons, les Planétars sont la tradition la plus célèbre de Planet ! Des internautes viennent des quatre coins du monde pour y assister. Tu te rends compte, si elle n’avait pas lieu, du chaos mondial ?!
- Je vais aller aider Reeko au bar, dit Titoph sur un ton de victime sacrificielle, en se dirigeant vers l’escalier.”
Après un instant où elle tâcha de ravaler sa colère, celle qui tenait la culotte à Planetemu parvint à dire d’un ton moins emporté :
“Ok, tu peux faire ta cérémonie à la noix. Mais pas question d’investir une fortune là-dedans comme chaque année ! Tu dois me payer ce voyage au Japon que tu m’avais promis ! Cette fois vous ferez avec les moyens du bord. J’ai dit !”
Et la tempête s’engouffra par la porte des cuisines.
Tonio se tourna, le regard penaud, vers ses acolytes.
“Vous avez entendu ? Une cérémonie moins faste cette année... Tu crois que tu peux nous faire ça, copain JFM ?
- Sans problème, oui. Ça m’arrange même, vu le peu de temps dont nous disposions. Cette année, on va laisser tomber les invités, les salamalecs excessives, la binouze les putes et les drogues à volonté, tout ce qui coûtait trop cher. Je ne pense pas que ce sera mal accueilli : beaucoup trouvaient de toutes façons la cérémonie trop longue, ça finissait trop tard, à la fin la plupart étaient ivres morts et roupillaient. Pour le topic de lancement, je vais leur refourguer le même discours qu’il y a 2 ans, personne ne verra rien.
- Mais mes trophées ? s’enquit Zapier, dois-je encore les faire en or, comme l’an dernier ?
- Oui, oui, lui confirma Tonio, il faut que les planétarisés reçoivent des récompenses dignes d’eux. Le prestige de Planet en dépend !...
- Tu parles, grommela Dinofly pour lui-même, ils revendent leurs Planétars pour s’acheter des jeux DS... C’est pour ça qu’on ne voit jamais leurs trophées dans leurs signatures...
- ...Et puis cette année, poursuivit Tonio en son for intérieur, je vais peut-être en avoir un nouveau. Mieux vaut qu’ils soient en métal précieux !”
Et il se frotta les mains, tout content d’avance.
Zapier commençait déjà à penser au design du futur trophée. Vu les moyens dont il allait disposer, il voyait mal comment en refaire de nouveaux en or...
Une cérémonie avec peu de moyens, sans bière ni drogues... Il ne connaissait les Planétars que depuis l’an passé, mais il avait du mal à concevoir une cérémonie austère, sans voir Reeko rouge et Shenron stoned.
A l’issue d’un après-midi de travail, Zapier et JFM quittèrent leurs hôtes avec la satisfaction du devoir accompli. Zapier montait les escaliers en emboîtant le pas de loup de son cadavérique partenaire, trop impressionné pour oser lui dire un mot. Quand ils revinrent dans la salle commune, JFM hurla d’une voix de chanteur de death metal : “Dine, on y va !”
Et alors la strip-teaseuse aux formes généreuses, celle que Zapier n’avait pas réussi à reconnaître, descendit de la scène et alla se jeter avec une fougue amoureuse aux bras du fossoyeur ! En voyant au cou de qui elle s’était jetée, tous les gros lourds qui avaient passé l’après-midi à faire des avances honteuses à la belle déglutirent bruyamment et baissèrent la tête. “C’était donc elle !” soliloqua Zapier. Il venait aussi de comprendre la raison pour laquelle JFM était aussi en retard cette année pour les Planétars, ainsi que les vannes à deux balles de Tonio.
Alors qu’il montait dans sa Cadillac rose, JFM lui fit signe de la main et lui dit “À la semaine prochaine, ma Zapette !”, avant de partir en trombe sur sa moto, avec sa Dine adorée derrière lui, pour s’adonner à l’écoute de Lordi et à d’autres plaisirs tout aussi animaux.
La Cadillac rose s’arrêta devant le bar. Son conducteur entreprit de la garer en épi sur la seule place de parking encore libre, sous le regard des badauds perplexes devant le gros autocollant Kirby qui ornait l’aile de la voiture. Ils virent le conducteur sortir, il s’agissait d’un homme d’allure beaucoup plus ordinaire que son moyen de locomotion, ils ne lui prêtèrent donc plus attention. Ils n’avaient pas reconnu en lui le célèbre Zapier, l’éminent designer de trophées et de bannières. Pourtant ils avaient à coup sûr déjà contemplé au moins l’une de ses œuvres un jour. A commencer par l’enseigne du bar devant lequel ils venaient de passer avant de s’éloigner dans l’obscurité nocturne. Zapier, lui, c’était là qu’il se rendait. Avant d’entrer, il fit une halte pour admirer l’enseigne qu’il avait conçue, sur laquelle on pouvait lire : “Planetemu - …”.
“La nouvelle déco en Vbulletin rend pas mal, se dit-il, quoiqu’en aient pu dire certains...”
Il jeta un coup d’œil circulaire sur les véhicules déjà garés devant le bar Planet et remarqua une inquiétante Harley noire bardée de têtes de morts.
“Parfait, il est là.”
Puis il poussa la porte de l’établissement.
Les clients assez nombreux qui peuplaient la salle ne s’intéressèrent pas à lui, trop occupés à jouer aux bornes d’arcade ou à des DDR, ou encore à laisser pendre leurs langues devant une strip-teaseuse aux formes généreuses qui se lovait contre un mât en fer. Cette fille canon disait quelque chose à Zapier, mais il ne parvenait plus à mettre un nom sur son visage.
Il s’accouda au comptoir où Reeko le tenancier l’accueillit avec un sourire entendu. Il lui déboucha une bière pour la forme, puis profita de l’inattention générale pour le faire passer dans une arrière-salle. Là, il abaissa une applique murale ; sans bruit un pan du mur coulissa et Zapier franchit cette entrée secrète sans se retourner. Il descendit une volée de marches pour déboucher dans une vaste salle de rendez-vous clandestins. Depuis la promulgation d’une loi anti-téléchargements aux contours très flous, beaucoup de fans d’émulation n’osaient plus se montrer sans leurs masques de paint-ball, ou bien préféraient se retrouver dans des salles de réunions secrètes comme celle-ci.
Pour l’heure, la salle paraissait plutôt vide. A part Titoph qui était en train de décorer les murs avec de magnifiques posters de ses screenshots, il ne vit que 2 occupants, qu’il trouva avachis dans un canapé à jouer à un jeu de corde à sauter devant leur écran. Lorsqu’ils remarquèrent le nouvel arrivant, ils interrompirent leur partie et se levèrent pour le saluer. Le premier levé toisa Zapier d’un regard bleu, saurien et amical, et lui serra la main.
“Hello de Lu, Zapier. Comment vas-tu ? demanda-t-il.
- Très bien, Chemicalstöf.
- Non, moi c’est Dino. T’es prêt pour les Planétars de cette année ?
- Pour sûr ! C’est vrai, j’ai été un peu pris ces derniers temps. Mais Clément fêtait ses 1 an, alors tu comprends, j’avais du boulot : faire des combos à Street Fighter 2 Hyper Fighting Super Nintendo, lui apprendre à finir Super Mario Bros Nes en 1 vie, enfin bref, le B.A.Ba, quoi.”
Tout en lui serrant la main énergiquement, le deuxième occupant du canapé, un gars mal rasé à l’air peu recommandable mais au sourire franc et malin du chieur patenté, tint à le rassurer.
“On comprend bien, vieille branche. Ne te bile pas pour ça.
- Merci, Tonio. Et je ne suis pas une vieille branche.
- Par contre, essayons de ne pas trop parler bébé à haute voix. En ce moment, c’est tendu avec Aude, alors je préfère ne pas aborder de sujet épineux.
- Pour en revenir au retard qu’ont les Planétars cette année, enchaîna Dinofly judicieusement, ce n’est pas trop grave que tu n’aies pas pu te libérer plus tôt, car JFM aussi est à la bourre.
- ‘A la bourre’, c’est le cas de le dire !” s’exclama Tonio en riant.
Zapier n’avait pas compris le bon mot du patron de Planet, mais il n’allait pas tarder à le faire.
Il regarda d’abord autour de lui dans la salle et demanda à ses hôtes webmestres :
“Justement, je suis venu pour le voir, j’ai vu sa Harley garée devant le bar, et je suis surpris de ne pas le trouver avec vous. Où est JFM ?
- Mais je suis là, lui répondit une voix d’outre-tombe dans son dos, je suis là à boire le nectar de vos paroles.”
Zapier fit volte-face et découvrit non sans réprimer un frisson la silhouette inquiétante d’un fossoyeur vêtu de cuir clouté. A chaque fois qu’il voyait JFM, il ne pouvait s’empêcher de frissonner, même si depuis qu’il avait travaillé l’an dernier avec lui sur les Planétars, il avait moins peur et ne croyait plus du tout les rumeurs dépeignant le Topic Digger comme un tueur en série nécrophile.
“Je ne t’avais pas entendu, dit Zapier avec un sourire gêné.
- J’ai été pas mal pris, moi aussi, commença le fossoyeur...
- ‘Pas mal pris’, c’est bien dit, pouffa Tonio avec la goguenardise d’un chieur.
- ...mais je suis là aujourd’hui. On va s’atteler à mettre sur pied les Planétars 2006, de façon à ce que l’on puisse lancer le topic des festivités pour le week-end du 1er avril.
- Une semaine pour tout faire ? s’étonna Zapier. Tu ne crois pas que la deadline est un peu short ?
- Et le 1er avril, dit Titoph depuis le fond de la salle, vous ne croyez pas, Mr JFM, que les gens pensent que c’est une blague ?
- J’ai dû annuler ma participation à une IRL avec Kobras et Souille pour être avec vous, alors commencez pas à me les briser, ok ?
- Mieux vaudrait pas, dit Tonio en se roulant par terre, y en a une qui en aurait trop besoin, de tes...!
- Mais qu’est-ce qui se passe ici ?! le coupa une voix rugissante. Tonio, c’est quoi ce souk ?!”
Si la voix était tranchante, elle appartenait pourtant à la gracieuse et fragile nouvelle arrivante : la belle Aude.
“Je peux savoir ce que vous faites tous là pendant que Reeko au bar est débordé par les commandes ? rouspéta-t-elle.
- Mais, ma chérie, intervint Tonio, tu sais bien que nous devions nous réunir. Le temps des Planétars est arrivé.
- Quoi ?! tonna la belle, tu comptes cette année encore monter cette cérémonie de pochetrons ? Tu sais combien ça nous a coûté l’an dernier, ne serait-ce que les consos du Planétar du + Légendaire qu’il est parti sans payer ???!!!
- Mais voyons, les Planétars sont la tradition la plus célèbre de Planet ! Des internautes viennent des quatre coins du monde pour y assister. Tu te rends compte, si elle n’avait pas lieu, du chaos mondial ?!
- Je vais aller aider Reeko au bar, dit Titoph sur un ton de victime sacrificielle, en se dirigeant vers l’escalier.”
Après un instant où elle tâcha de ravaler sa colère, celle qui tenait la culotte à Planetemu parvint à dire d’un ton moins emporté :
“Ok, tu peux faire ta cérémonie à la noix. Mais pas question d’investir une fortune là-dedans comme chaque année ! Tu dois me payer ce voyage au Japon que tu m’avais promis ! Cette fois vous ferez avec les moyens du bord. J’ai dit !”
Et la tempête s’engouffra par la porte des cuisines.
Tonio se tourna, le regard penaud, vers ses acolytes.
“Vous avez entendu ? Une cérémonie moins faste cette année... Tu crois que tu peux nous faire ça, copain JFM ?
- Sans problème, oui. Ça m’arrange même, vu le peu de temps dont nous disposions. Cette année, on va laisser tomber les invités, les salamalecs excessives, la binouze les putes et les drogues à volonté, tout ce qui coûtait trop cher. Je ne pense pas que ce sera mal accueilli : beaucoup trouvaient de toutes façons la cérémonie trop longue, ça finissait trop tard, à la fin la plupart étaient ivres morts et roupillaient. Pour le topic de lancement, je vais leur refourguer le même discours qu’il y a 2 ans, personne ne verra rien.
- Mais mes trophées ? s’enquit Zapier, dois-je encore les faire en or, comme l’an dernier ?
- Oui, oui, lui confirma Tonio, il faut que les planétarisés reçoivent des récompenses dignes d’eux. Le prestige de Planet en dépend !...
- Tu parles, grommela Dinofly pour lui-même, ils revendent leurs Planétars pour s’acheter des jeux DS... C’est pour ça qu’on ne voit jamais leurs trophées dans leurs signatures...
- ...Et puis cette année, poursuivit Tonio en son for intérieur, je vais peut-être en avoir un nouveau. Mieux vaut qu’ils soient en métal précieux !”
Et il se frotta les mains, tout content d’avance.
Zapier commençait déjà à penser au design du futur trophée. Vu les moyens dont il allait disposer, il voyait mal comment en refaire de nouveaux en or...
Une cérémonie avec peu de moyens, sans bière ni drogues... Il ne connaissait les Planétars que depuis l’an passé, mais il avait du mal à concevoir une cérémonie austère, sans voir Reeko rouge et Shenron stoned.
A l’issue d’un après-midi de travail, Zapier et JFM quittèrent leurs hôtes avec la satisfaction du devoir accompli. Zapier montait les escaliers en emboîtant le pas de loup de son cadavérique partenaire, trop impressionné pour oser lui dire un mot. Quand ils revinrent dans la salle commune, JFM hurla d’une voix de chanteur de death metal : “Dine, on y va !”
Et alors la strip-teaseuse aux formes généreuses, celle que Zapier n’avait pas réussi à reconnaître, descendit de la scène et alla se jeter avec une fougue amoureuse aux bras du fossoyeur ! En voyant au cou de qui elle s’était jetée, tous les gros lourds qui avaient passé l’après-midi à faire des avances honteuses à la belle déglutirent bruyamment et baissèrent la tête. “C’était donc elle !” soliloqua Zapier. Il venait aussi de comprendre la raison pour laquelle JFM était aussi en retard cette année pour les Planétars, ainsi que les vannes à deux balles de Tonio.
Alors qu’il montait dans sa Cadillac rose, JFM lui fit signe de la main et lui dit “À la semaine prochaine, ma Zapette !”, avant de partir en trombe sur sa moto, avec sa Dine adorée derrière lui, pour s’adonner à l’écoute de Lordi et à d’autres plaisirs tout aussi animaux.
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