ROBOCOP 3

(1/1)

Nom : Robocop 3

Machine : Atari ST/Amiga

Editeur : Ocean

Année : 1992

Genre : Le bonheur en 3D

 

J'ai redécouvert Robocop 3 en le ressortant pour mon « digeST », catégorie action. Je le connaissais déjà un peu pour y avoir joué vite fait y'a de ça un bail mais à l'époque, ça ne m'avait pas marqué plus que ça. Je devais être soûl. Le Candy Up au chocolat, ça vous détruit un homme…

 

 

Lors de la rédaction de ce fameux « digeST », en cherchant à aller plus loin que le premier tableau histoire de vous offrir une capture de qualité (ça c'est de la conscience professionnelle !), je me suis pris au jeu, et c'est devenu une véritable drogue pendant quelques jours. Il me fallait le soir ma dose de Robocop 3. Ce n'était pas seulement le fait de buter des terroristes ou des punks qui me plaisait, mais en particulier l'aspect technique du jeu. Ce truc est véritablement un monstre, et repousser les limites de ce bon vieux ST, c'est presque aussi émoustillant qu'un 90F !... (mais non ma Dedea chérie, je ne te trompe pas avec Robocop !)

 

 

 

ED-209.

Le PPDA de Robocop.

 

Bon, autant le dire de suite, Robocop 3 est une merde. Non, je parle du film hein, pas du jeu. Comme beaucoup de suites, ce troisième volet n'aurait jamais dû avoir lieu. Déjà, l'acteur principal, Peter Weller, qui incarna le cyber pandore pour les deux premiers films, refusa de remettre son armure une troisième fois. On le comprend aussi, perdre 4kg par jour dans un truc aussi souple et léger qu'un manteau en plomb…

 

Robocop investit les lieux.

Nan, on ne tire pas sur les civils, même si ça soulagerait leurs douleurs...

 

La production dégotta donc un as du karaté, tendance vigile, Robert Burke, pour jouer son rôle. Les maquilleurs durent rivaliser d'imagination pour essayer de le rendre à peu près ressemblant car, même si on ne voit qu'un menton et une bouche la plupart du temps, on reconnaît de suite que ce ne sont pas ceux de Robocop.

 

Pas de pitié !

Euh, je crois qu'il est mort là hein...

 

Ajoutez à cela un scénario montrant de méchants américains (mais riches) voulant chasser de gentils américains (mais pauvres) de leurs maisons, des Japonais incarnés le plus souvent par des acteurs d'origine chinoise, un androïde bridé qui fait du karaté et qui a une mâchoire amovible (à voir absolument !) et un début de pseudo romance entre l'agent Ann Lewis et Robocop mais qui n'aura pas lieu pour cause de bastos dans les ovaires. Bah, c'est mieux comme ça, elle aurait été déçue de toute façon la mère Lewis...

 

 

Saupoudrez le tout de bons sentiments (le film est très clairement ciblé « pour la famille » et l'on sait que cette catégorie regroupe les pires daubes chez les Américains), très peu de violence, une gamine qui pirate des ED-209 avec son ordinateur style Vtech, des tas de temps morts, secouez bien et vous avez Robocop 3. Amateurs de nanars, jetez-vous dessus ! Avec un tel résultat, difficile de faire un bon jeu… On a là l'exception qui confirme la règle.

Comme je l'avais dit plus haut, Robocop 3 est un monstre sur ST. Les gars de Digital Image Design nous avaient déjà prouvé auparavant qu'ils étaient des pros en matière de 3D, souvenez-vous de Falcon, F-29 Retaliator ou du formidable Epic, qui mériterait lui aussi une chronique complète et bichonnée comme celle-ci, mais là, c'est encore mieux. Qu'on se le dise : Robocop 3 posait les bases de ce qu'on allait avoir des années plus tard sur console. Les polygones composant tout un personnage, les vues en rotation temps réel etc. Alors évidemment, ça reste du ST. Ne vous attendez pas à de la Playstation, mais quand même. Remis dans son contexte, sur la machine d'époque, c'est tout bonnement incroyable.

 

Superbe animation.

Robocop sait se faire respecter.

 

Disponible en trois langues, (anglais, français et allemand, la VF comporte des coquilles et certains passages ont été oubliés et apparaissent en anglais...), Robocop 3 vous propose deux sortes de jeu : le « movie adventure », qui suit le scénario du film, ou carrément le « arcade game » où là, vous pourrez choisir directement parmi cinq missions du jeu. Intéressons-nous à ce dernier, ce qui nous permet de suite de se « taper » quasiment tout le jeu. A noter que le « movie adventure » vous donnera accès à des phases inédites ainsi que la totalité des animations de présentation, qui sont magnifiques, et la fin du jeu évidemment. Mode linéaire on.

 

TERRORISTS HIJACK OCP TOWER

Cette première mission reprend un peu le concept du film Piège De Cristal. Une bande de fondus ont pris en otages les patrons de l'OCP dans leur propre tour et menacent de les buter si on ne leur donne pas ce qu'ils demandent. On envoie Robocop comme négociateur. On aurait pu trouver mieux mais Madeleine Albright n'était pas libre ce jour là…

 

Survol de la zone industrielle.

Vue normale.

 

L'ambiance est donnée dès le début. Pour commencer, Robocop entre dans l'ascenseur. Pour monter, il tire sur le bouton indiquant une flèche rouge. Avec un peu plus de ram, les concepteur auraient pu pousser le gag encore plus loin en diffusant pendant l'ascension, une musique digne de ces élévateurs…

 

 

Une fois dehors, au travail. Un terroriste vous tire dessus ? Abattez-le ! La cible-radar de votre casque est très pratique. Regardez, visez, verrouillez, tirez ! Cela vous sera très utile car certains des terroristes sont des vicelards et se cachent derrière les otages. Or, chaque innocent descendu par vos soins, c'est plus d'un quart de votre énergie qui s'en va.

 

Robocop, plus fort que la mort !

L'assaut de l'église. L'astuce consiste... à ne rien faire !

 

Le building est réellement bien foutu. On arrive dans des salles d'attente, d'ordinateurs ; des sigles OCP sont affichés au mur, des plantes, des tables etc. La mission ne prendra fin que lorsque vous aurez flingué les chefs des terroristes. Pour les trouver, vous disposez d'un beeper qui s'accélère lorsque vous êtes sur la bonne voie.

 

CRAZED PUNKS - Terrorise Neighbourhood

Variation sur le même thème. Au lieu d'aller flinguer du terroriste, Robocop joue les travailleurs sociaux et va « nettoyer » (terme employé par la speakerine dans un écran-titre) les quartiers pourris de Delta City de ses sauvageons. Des « splatterpunks » comme on les appelle. Pas de pitié avec eux non plus, adoptez la méthode Sarkozy : on « karchérise » d'abord, on maquille les stats ensuite...

 

Cible verrouilée !

Il ne lui manque plus que la cape !

 

Les bureaux spacieux et éclairés de la tour OCP ont fait place à des ruelles sombres et crasseuses où le danger rôde à chaque coin. Faites attention là aussi aux petites gens qui ont eu la malchance de se trouver dans vos pattes. On notera la gamine ou le pauvre malheureux avec son bras en écharpe. Résistez à vos pulsions de psychopathe !

 

POLICE STRIKE - Stolen Vehicles Epidemic

Marre de flinguer ? Ok, prenons la bagnole et allons nous promener. Et puis ça tombe bien car on signale des vols de voitures. Le boulot toujours le boulot…

 

Otomo le Robocop japonais.

Sarkozy rêve d'avoir les mêmes pour nos banlieues...

 

Bien assis dans votre tas de boue blindé, vous voici en train de jouer les Starsky & Hutch dans une ville toute en 3D. Le petit radar vous sera bien utile pour flairer l'ennemi mais aussi les collègues. Une fois les sagouins repérés, que faire ? Leur tirer dessus ? Nan, vous avez déjà coûté assez cher comme ça en bastos avec les keupons et les terroristes. A la Chase H.Q, rentrez-leur dedans avec votre bagnole ! Quel plaisir ! Robocop donne l'exemple du civisme sur la route ! Notons également une dizaine de vues différentes de votre voiture activables grâce aux touches de fonction du clavier.

 

 

 

ROBOCOP GYROPACK TRIALS

Trop forts les mecs de Digital Image Design ! Ils ont transformé une séquence ringarde du film (Robocop et son jetpack, c'est comme Goldorak avec une bouée !) en un truc énorme. Vous voici en train de voler dans le ciel juste au dessus de la ville, à la recherche d'unités ED-290 et d'hélicoptères ennemis à abattre.

 

Robocop VS Otomo, round 1 !

La touche "R" permet de voir comme Robocop.

 

Armé d'une mitrailleuse ou d'un canon, vous devez à la fois jouer les nettoyeurs mais aussi faire attention à ne pas vous payer une tour ou carrément vous écraser par terre car le vol est très délicat. Vous pouvez tourner sur vous même à 360° et comme vous volez à la souris (le joystick est activable mais moins précis), un plat arrive facilement. Si cela se fait, vous aurez droit à une jolie explosion et la une du JT de 20h avec la speakerine annonçant avec un sourire Ultra Brite votre mort...

 

ANDROID V CYBORG DUEL

Dernier acte, et non des moindre, le combat entre Roby et Otomo, l'androïde qui a trop regardé JC Vandamme. Dans le film, le combat est vraiment naze, avec un Robocop bien trop lourd et raide pour pouvoir lutter face à l'autre qui saute partout. Là c'est pareil, il saute vraiment partout. Mais en 3D, c'est quand même plus chouette !

 

La Claire Chazal de Robocop.

Get your kicks on route 66...

 

Comme pour la phase en voiture, vous aurez droit à une dizaine de vues différentes. Devant, derrière, en haut, en bas, sur le côté, tournante etc. Un véritable plaisir pour les yeux, même s'il ne faut pas oublier que vous êtes là pour vaincre le méchant niakoué en pyjama. Non mais !

 

- "Rendez-vous Benoît XVI, vous êtes cerné !"

- "Eh, mais ils nous tirent dessus les bâtards !!!"

 

Pour cela, pas de flingue, mais des coups de poings. Pas facile car l'autre est monté sur ressorts et ne vous ratera pas avec son sabre et autres mawashigeri coup de pied circulaire. Vive les versions avec vies infinies incluses ! Impossible de passer sous silence la vanne raciste de la journaliste qui commentera votre victoire face au robot japonais, en disant que ces derniers sont justes bons à fabriquer des voitures et des magnets... Le film Robocop 3 exploitait d'ailleurs cette peur américaine du début des années 90, avec des nippons se montrant un peu trop envahissants sur le secteur de l'immobilier aux USA.

 

 

Jouable aussi bien à la souris qu'au joystick, voire même joy + clavier, Robocop 3 est un must. Sur le plan technique, on est dans la stratosphère de ce que le ST pouvait nous donner. L'animation est parfaite, rapide, et très réaliste. Les bruitages sont tous digitalisés (l'ambiance sonore est, comme toujours, meilleure sur Amiga avec des musiques en plus) et les graphismes sont détaillés autant que possibles pour de la 3D version 16bits, mêlant souvent des décors en 2D et des dégradés de couleurs.

 

TF1 étant trop occupé à vous matraquer avec Sarkozy, voici donc le sauvetage de Lewis en direct !

 

Sur le plan du jeu, on s'amuse énormément et l'on constate que Robocop 3 était d'avant-garde. Les phases de tir dans des couloirs, ce n'est rien d'autre que du Counter Strike avant l'heure ! Un travail d'orfèvre.

 

A la casse Otomo !

Robocop conduit comme un pied mais allez lui retirer son permis...

 

Pour la petite histoire, le jeu fut vendu avec en guise de protection un dongle, une sorte de prise que l'on devait connecter au port joystick. Sans ça, le jeu ne fonctionnait pas. Efficace ? Pas vraiment ! Les pirateurs de l'époque contournèrent très facilement le problème et la version crackée, et parfaitement jouable sans dongle, circula très vite. Bilan ? Un jeu vendu plus cher que les autres (il fallait bien se rembourser de la fabrication du dongle !), mais déplombé comme les autres, et surtout, qui causa de nombreux problèmes aux possesseurs d'Amiga car le dongle était incompatible sur certaines de leurs machines et foutait une merde pas possible. Le genre de truc qui fait basculer dans le piratage pur et dur…

 

Quand les gens lèvent les bras en l'air, c'est qu'ils veulent se rendre. Ou alors c'est que vous êtes dans une rave party...

Yeah !

 

Robocop 3, c'est comme Saturday Night Fever. Ce dernier était un film pourrave mais avec une bande-son géniale (merci les Bee Gees !). Là, c'est presque la même chose : film de merde, jeu divin. Une prouesse technologique sur Atari au service d'un jeu bien plus respectueux de Robocop et de son univers que ce film a pu l'être. Agenouillez-vous mécréants !

 

La séquence de fin en mode « movie adventure ».

 

Note : 19/20

 

SM

Article rédigé par SM le 07/02/2007