Waku Waku 7

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Waku Waku 7
  • Nom : Waku Waku 7
  • Editeur : Sunsoft
  • Machine : Neo-Geo
  • Année : 1996
  • Genre : Baston

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un jeu qui a des balls

Aaaah, 1996, j'avais 16 ans, je dessinais dans les marges de mes cours de philo, je dormais en histoire de l'art et surtout, j'allais jouer à "l'Indiana", la salle de jeu en face du lycée et qui proposait le tout fraîchement sorti Waku-Waku 7 sur NEo-Geo. Séquence nostalgie !

Waku Waku 7 est un jeu de versus fighting 2D sorti en 1996 donc, sur Neo-Geo et édité par Sunsoft. Cette simple phrase est, à elle seule, un condensé d'handicaps pour le titre : les consoles 32 bits sont déjà en train d'envahir les salons des joueurs, les jeux de baston 3D bousculent méchamment leurs homologues en deux dimensions, la Neo-Geo est déjà pourvue à foison de titres du genre et, pour enfoncer le clou, Sunsoft est le dernier éditeur sur lequel on miserait pour ce type de jeu (leur unique précédent dans le domaine était Galaxy Fight et il était loin d'avoir séduit les foules). Laissons-lui tout de même sa chance et voyons ce que la bête a dans le ventre.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas du 7ème opus de la série Waku Waku : le titre fait en fait référence aux 7 Waku Waku Balls, sortes de boules de cristal dont chaque protagoniste détient un exemplaire (ça vous rappelle Tintin ou Dragon Ball ? À moi aussi, je vous rassure). Voilà, en expliquant le titre, vous avez à la fois le scénario complet et le nombre de personnages ! On sait être simple et efficace chez Sunsoft et, après tout, pourquoi faire plus compliqué pour un jeu de baston, surtout quand ce scénario, en apparence simpliste, a une directe influence sur le gameplay, mais nous verrons ça plus tard.

Waku Waku 7
Une intro qui annonce la couleur.

 

Waku Waku 7
Ouch... 7 personnages ça fait un peu radin !

 

Trop choupinet

Bon, malgré une jolie intro toute kawaï et un "How to Play" efficace, je met des crédits (7 si je veux me marrer à voir le titre en miroir) et j'appuie sur start. Le select screen est forcément un peu décevant avec ses 7 personnages nous ramenant au début des années 90, mais le design de ces derniers nous fait un peu oublier l'avarice de Sunsoft. En effet, on est bien loin de l'ambiance tournoi d'arts martiaux d'un Street Fighter 2 et à des années lumières du réalisme d'un Mortal Kombat, ici les personnages affichent un style manga déjanté assumé et chacun a une identité propre et bien démarquée des autres. Nous avons un lycéen exhubérant faisant office de perso principal, un gros lapin-nounours à croquer, un bad boy ténébreux en marcel, un robot-soubrette énigmatique, un mix entre Légolas et Albator qui pète la classe, un tank complètement fou piloté par un ersatz de Mario accompagné de son chien et, pour finir, la jolie fille de service, toute mignonne avec ses oreilles de lapin. À ce casting de base, s'ajoute un personnage bonus déjà présent dans Galaxy Fight qui se présente sous l'aspect d'un sac d'entrainement vivant dont le bandeau rouge, les coups spéciaux et le thème musical font inévitablement penser à Ryu de Street Fighter. Enfin, nous avons le dernier boss, sorte de 8ème boule, entièrement noire, gigantesque et presque mignon du moment que vous ne l'énervez pas. Même si tous ces personnages sont des archétypes déjà rencontrés dans d'autres jeux, mangas ou films, force est de constater que leur design est franchement réussi et que leur personnalité bien trempée est parfaitement utilisée. Un grand bravo au character designer ! On choisit le personnage qui nous semble le plus sympathique (ou le plus efficace), on jette un coup d'oeil à la liste des coups spéciaux et furies gentiment affichés sur le select screen, on valide et c'est parti pour l'éclate !

Waku Waku 7
Des animations vraiment marrantes !

 

Waku Waku 7
Enchaîner les Dragon Punchs en l'air, quel pied !

 

À l'oeil...

Graphiquement, tout est à l'image de ces personnages loufoques avec un style manga très coloré, des décors fourmillant de détails amusants et un lettrage flashy. L'ensemble est parfaitement réalisé (comme souvent sur Neo-Geo) avec des sprites parfois énormes (Fernandez le boss sort presque de l'écran !) sublimé par une animation impeccable, faisant la part belle aux effets d'impacts et de lumière omniprésents. Epileptiques photosensibles, fuyez ce jeu comme la peste ! Petit plus technique sympa, lorsque vous vous éloignez de l'adversaire, l'écran effectue un zoom arrière vous permettant de mieux appréhender le match tout en conservant un oeil sur les deux personnages sans être bloqué par un mur invisible. Certes, ça n'est pas une nouveauté sur Neo-Geo, Art of Fighting et Samurai Shodown l'ont déjà fait, mais là où ces deux titres se contentaient de 2 niveaux de zoom, Waku Waku 7 adapte le zoom à la distance, permettant d'afficher le décor en intégralité si les deux adversaires se calent dans chaque coin. C'est simple, il s'agit du zoom le plus puissant de tous les jeux Neo-Geo avec celui utilisé dans Double Dragon ! Ni ces zooms, ni les effets d'impacts déments, ni les sprites monstrueux ne parviennent jamais à mettre à mal le framerate du jeu. La Neo-Geo en a dans le ventre et, même en 1996, ne compte pas tirer de si tôt sa révérence !

Niveau sonore, c'est également du tout bon avec des bruitages qui ont une pêche incroyable (peut-être le meilleur son de coups que j'ai entendu dans ce genre de jeu !). Quand aux musiques, elles sont dans la lignée du reste avec des thèmes d'une belle varité, souvent dans un style manga enfantin et entraînant (comme dans le stage de Politank-Z), parfois étonnants (le thème chanté d'Irina) voire même irritants (les violons du niveau de Slash) mais toujours cohérents avec le niveau et le personnage associés. Bref, un sans fautes technique qui nous donne presque l'impression d'être dans un animé interactif.  On pourra éventuellement reprocher le côté kitsch et "too much" de Waku Waku 7 avec ses couleurs agressives, son lettrage trop présent et ses flashs lumineux aveuglants mais tout ceci est tellement bien assumé par son parti-pris "manga déjanté" que l'on saignera des yeux avec plaisir ! Personnellement, l'aspect animé du soft est tellement réussi que j'ai longtemps été persuadé qu'il s'agissait d'une adaptation de manga ! Après quelques recherches, il n'en n'est rien et l'on ne peut que saluer la prouesse de Sunsoft d'avoir su créer un univers aussi fun et cohérent pour un "simple" jeu de baston.

Waku Waku 7
C'est pour ton bien cette piqûre !

 

Waku Waku 7
Terry Bogard's style... puissance 10 !

 

...et au doigt !

Parlons un peu gameplay. Waku Waku 7 fait dans le classique et le déjà-vu : deux coups de poings, deux coups de pieds, des coups spéciaux à base de quart ou de demi cercles, des furies, des dash, le minium requis en 1996 sur Neo-Geo. Mais le jeu va plus loin en piochant dans le meilleur de ce qui existe déjà. À ce titre, on trouve également des EX (version bien plus puissante des coups spéciaux), des frappes au sol, des rebonds contre les murs, des esquives ou encore des recovery. Vous disposez également d'un "Super" permettant de vous rendre plus fort et plus rapide pendant quelques secondes. On découvre aussi, en plus des EX et des furies déjà dévastatrices, une super furie longue à charger mais totalement imparable que j'ai l'habitude d'appeler "Warning", dû au message qui s'affiche en plein écran lorsque vous la déclenchez. Les Ex, les furies, les Supers ou les Warnings utilisent tous au moins une barre de "POW" dédiée à ces coups. Heureusement, celle-ci se recharge très très vite, même sans faire la moindre action ! Je vous parlais en début de test du scénario directement lié au gameplay : sachez que chaque nouvelle Waku Waku Ball obtenue (donc chaque adversaire battu) vous octroie une nouvelle barre de POW ! Vous commencez donc avec une seule barre et affronterez le boss avec 7 barres de POW. Inutile de vous dire qu'à ce niveau, vous aurez la sensation de pouvoir lancer vos super coups et furies presque à l'infini, ce qui rendra le match explosif ! Cette progression est une excellente idée, rendant les matchs de plus en plus épiques, vous permettant de lancer d'avantage de coups dévastateurs au fil des rencontres. Histoire de bien profiter de la chose, le jeu contre le CPU n'est pas trop difficile, voire même un trop facile pour les habitués de la baston arcade ; mais ne boudons pas notre plaisir pour une fois qu'un jeu du genre est accessible au plus grand nombre !

Seul petit défaut du système, les EX et furies étant omniprésents, les barres de vie fondent comme neige au soleil et rendent les matchs, certes très vivants, mais souvent trop courts ! Dommage également que les coups de base fassent autant de dégâts, reléguant ainsi les coups spéciaux à de simples artifices plus jolis qu'efficaces. Il n'empêche que le plaisir de jeu est clairement là : les coups sont intuitifs, tout répond parfaitement bien, ça pète et ça gueule dans tous les sens et donner des coups dans cette ambiance cartoon est vraiment jouissif (aaah ! Les enchaînements d'uppercuts en l'air en bourrinant le bouton de poing !).

Waku Waku 7
Dandy-J sait comment ouvrir les boîtes de conserve.

 

Waku Waku 7
Je ne sais pas ce qui va sortir mais ça va faire mal !

 

Et les conversions consoles ?

Sortie à peine un an après la version arcade/Neo-Geo, l'adaptation Saturn est clairement décevante malgré l'utilisation d'une cartouche de RAM en plus du CD. Certes, tout est là, mais c'est bien plus lent, avec des décors moins fin et, surtout, les interminables chargements gâchent le plaisir en cassant le rythme frénétique de progression du jeu.

Plus récemment, une compilation du nom de "Sunsoft Collection" est sortie en 2008 au Japon sur Playstation 2. On y retrouve Galaxy Fight et Waku Waku 7 dans un portage bien plus convaincant avec des temps de chargement assez court et même quelques ajouts sympa comme la possibilité de customiser la palette de couleur de son perso ou de s'entraîner contre le CPU.

Enfin, Waku Waku 7 est également disponible sur Wii et WiiU via la Console Virtuelle depuis 2010 mais... uniquement au Japon ! Rien à redire, il s'agit de l'émulation de la version Neo-Geo.

  

Waku Waku 7
7ème match : vous affrontez votre jumeau maléfique.

 

Waku Waku 7
Le dernier boss est complètement déjanté...

 

Accessible et efficace

Waku Waku 7 a su tirer parti de ce qui se faisait de mieux dans le paysage mature du jeu de baston 2D de l'époque pour son fond, tout en se payant le luxe d'ajouter quelques ingrédients originaux pour rendre son gameplay plus nerveux et ultra-complet. Mais c'est surtout sur la forme que le titre de Sunsoft nous séduit : un style manga très marqué, ultra coloré, décalé mais assumé, mis en scène avec brio. On aime ou on déteste mais on ne peut pas renier le travail de qualité effectué. Le jeu se regarde comme un très bon animé de baston et procure une réelle sensation de puissance et de plaisir une fois le stick en main.

Un jeu riche, accessible qui pourra séduire les débutants autant que les habitués mais dont le tort est de sortir à une époque où les joueurs ont été gavés de jeux de baston 2D et aspirent à de la nouveauté. Waku Waku 7 ne révolutionne en rien le genre, il n'est pas le meilleur de sa catégorie, il propose un nombre trop limité de personnages, mais il ne souffre d'aucun autre défaut majeur et propose une expérience sympathique, rafraîchissante, maîtrisée de bout en bout et incroyablement fun !

Waku Waku 7
Zoom maxi en arrière : tout le décor est visible !

 

Waku Waku 7
Mais c'est qu'il est flippant en plus !

 

La note du gros JYP : 4/5

 

De la balle !

Vous aimez la baston ? Vous aimez les mangas ? Alors foncez vous éclater sur Waku Waku 7 !

 

Waku Waku 7

Télécharger Waku-Waku 7 sur Neo-Geo

 

  

 Vidéo de gameplay sur 1 crédit :

Article rédigé par JYP le 25/03/2015