Samurai Shodown IV : Amakusa's Revenge

(2/2)


SS IV se laisse contempler avec énormément de recueillement, un peu à la manière d’une fresque. Les tenues traditionnelles des samouraïs sont ébauchées avec tant de style, qu’elles évoquent immédiatement le contexte du scénario. Kimonos, ceintures, sabres, fourreaux bénéficient des bons soins des designers encore une fois très inspirés. Les attaques sont pleines de subtilités esthétiques en tout genre ; Hanzo n’hésite pas à disparaître sous le nez de l’adversaire en laissant à sa place le tronc d’arbre se faire couper en deux, Jubei “censure“ ses coups derrière un rideau qui ramasse les giclées de sang et j’en passe des meilleures. On croit par moment regarder Ninja Scroll…Du reste, les mimiques et autres frimeries d’usage sont tout bonnement fantastiques. SNK a le savoir-faire pour rendre ses personnages consistants,  et les affrontements n’en sont que plus impitoyables. Et que dire de la bande son ? Mettant l’accent sur l’ambiance, elle s’exprime surtout à travers les coups de fers, tantôt secs et aigus, tantôt retentissants de brutalité. La musique se veut volontairement discrète pour laisser place aux entrechoquements, mais glisse ses arrangements de manière à donner encore plus de relief aux combats.

      


La mise en scène réglée jusque dans les moindres détails a donc de quoi séduire. Et pour peu que l’on prenne le temps de s’adapter au style, on finit par ne plus décrocher pendant un bon bout de temps. Et c’est bien là le seul hic possible : s’adapter. A contrario d’un Xmen-Vs-StreetFighter ou autre crossover délirant, Samurai Shodown n’accorde aucune place pour les scènes de bouffonneries. La précision des combats, tout simplement diabolique, exige un sens affûté du timing et du positionnement. C’était déjà vrai pour les autres jeux de baston, mais ça l’est encore plus ici : le temps de dégaine du sabre allant du rapide au très lent selon les 3 boutons utilisés, il faut systématiquement garder un oeil sur les pas qui vous séparent de l’adversaire. Presque tout les samouraïs ont les moyens de vous atteindre de loin, et quand ça n’est pas le cas leurs jaillissements sont extrêmement rapides. En d’autres termes, toute la stratégie consiste à maintenir un périmètre de combat qui incommode l’adversaire. Cela est d’autant plus primordial que les coups forts contrés font vaciller votre perso pendant une seconde, ce qui laisse le temps à l’adversaire de vous en placer quelques unes s’il est suffisamment près. Bref, c’est un gameplay à part entière, qui mise bien plus sur le réflexe et l’observation que sur votre habilité à enchaîner un max de coups.

  

Alors que dire au final, sachant qu’on en est déjà au numéro quatre de cette série ? La question qui revient sans arrêt ; cette suite se démarque-t-elle vraiment de l’épisode précédent ? Sur le papier, en comparant point à point on serait tenté de dire non. Sogetsu et Kazuki ,les deux nouveaux venus maniant la glace et le feu apportent un peu de variété au roster. Le rendu graphique semble s’affiner de plus en plus et le système de combat a lui aussi légèrement évolué, mais ça en reste là. Personnellement, je m’en contente fort bien et je laisse le soin aux puristes acharnés de faire la fine bouche... Toujours est-t-il que la série a su se bonifier avec le temps, tout en gardant les bases du gameplay intactes. Reconnaissons donc aujourd’hui à Samurai Shodown le mérite d’avoir donné depuis 4 volets une alternative de choix aux habituelles bastons à mains nues, restant plus que jamais une des valeurs sûres du jeu de combat 2D.





Note : 17/20




Article rédigé par Hydargo le 15/12/2005
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