FIFA International Soccer

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  • Nom : FIFA International Soccer
  • Editeur : Electronic Arts
  • Console : Megadrive/Super Nintendo
  • Année : 1994
  • Genre : Simulation de football

 

 


 

La série des jeux FIFA n’est pas la première licence de jeu de football, mais la doyenne des survivantes : en ce temps, les titres rois étaient Formation Soccer, Kick Off, ou Sensible Soccer. On parle là d’une époque si ancienne que le PSG était champion de France.

 

En 1994, Electronic Arts nous offrait déjà des références dans bien des sports, notamment en football US avec les John Madden, en golf avec les PGA, en hockey avec les NHL. Des jeux de qualité bénéficiant de l’aura de leur licence, à défaut d’être révolutionnaires. En dehors des EA Sports, nous pouvons également rajouter à cette liste des sports plus exotiques, les sports de glisse dans la minisérie Skate/Ski Or Die, et le beach-volley avec le sympathique Kings Of The Beach.

 

Traduit dans la langue de Zizou (Megadrive) Le stade est à bloc

 

It’s in the game !

Disons-le tout net : loin des sentiers battus des autres licences EA, ce premier FIFA est simplement une révolution. Tout d’abord dans le choix de la caméra : on oublie ici la vue de dessus d’un Italia’90 ou le profil d’un World Cup, FIFA International Soccer est en 3D… Isométrique, certes, mais cette perspective parallèle a le mérite d’offrir une sensation de relief, sans qu’il y ait de pénalisation liée à l’orientation, à l’inverse de la “vraie 3D” d’un Super Soccer. De même, les joueurs ressemblent à des vrais joueurs de football, là où la concurrence varie entre des rugbymen robotisés et des personnages de baby-foot. L’animation, enfin, est très riche : plus de 2000 différentes ! Les footballeurs bougent dans les 8 directions, avec des têtes plongeantes, en hauteur, et même des bicyclettes !

 

Une vue déroutante, mais confortable. Coup de boule au ralenti, sans violence.

 

 

Mais FIFA International Soccer, plus qu’une représentation graphique qui a aujourd’hui disparu, a avant tout posé les mécaniques de jeu des simulations sportives modernes. En plus des nombreuses options pour personnaliser le style de match (arcade ou simulation), le jeu offre notamment des stratégies modifiables à tout moment. L’intelligence artificielle, d’ailleurs, se révèle avant-gardiste, avec des coéquipiers qui se placent, qui taclent, qui dévient les frappes. De même, deux boutons différents sont utilisés pour les passes basses et hautes, les une-deux sont réalisables en automatique, le temps d'appui influe sur la puissance de tir,matérialisée sur la console de Nintendo par une barre à l’écran.

Le tout étant bien sûr parachevé par la licence FIFA, permettant à EA d’offrir les vrais noms des sélections nationales.

Reviens JPP reviens !

C’est que la question se pose : pourquoi se payer la licence FIFA si c’est pour ne pas avoir les noms des vrais joueurs ou des clubs ? Ils ne sont même pas ressemblants, contrairement à un Sensible Soccer où on pouvait reconnaître Papin à la couleur des 2 pixels des cheveux et des 4 pixels du visage. Ici, non seulement les joueurs sont clonés entre eux, mais également conçus in vitro : l’équipe de France nous offre donc un superbe duo Lucerne/Aubanel en attaque. Les gars d’Extended Play se sont d’ailleurs eux aussi incarnés dans le jeu, l’un des attaquants allemands s’appelant ainsi Brian Plank, comme l’un des programmeurs. Pas de bol pour lui, c’est maintenant que je vais commencer à être méchant.

 

Aubanel marque sur Megadrive Oui, le jeu a 16 ans

 

 

Les magazines de l’époque louaient un rythme étonnamment posé, et qui, associé aux nombreuses actions possibles, ancrait définitivement le jeu dans la simulation. En effet, jamais n’avait été si réaliste cette sensation d’incarner une tortue tétraplégique. Le jeu rame en permanence, avec de petites accélérations de temps en temps lorsqu’il y a moins de sprites à l’écran. Certes, les animations sont nombreuses, les graphismes sont léchés, mais l’impression de fluidité est simplement inexistante dans la technique. Dans le gameplay également, car si le choix est vaste en terme d’actions réalisables, ces dernières sont peu intuitives; le plus efficace reste souvent de pilonner à l’anglaise, avec de longues balles vers l’avant, et balancer une cacahouète dans la lucarne, avec une frappe du bord de la surface. Si le gardien stoppe la balle, il suffit de se planter devant lui pour la lui prendre sur le dégagement.

 

Une frappe chirurgicale sur SNES Toutes les stars de l'époque !

 

Les bonnes idées du jeu sont pourtant nombreuses, avec les viseurs sur dégagement, et autres centres automatiques, qui préfigurent grandement l’assistance des simulations modernes. Tout cela justifie les critiques dithyrambiques de l'époque.  Mais tout cela ne fait que préfigurer les jeux à venir, le jeu étant finalement très limité et bourrin à jouer. Du coup, on perd la satisfaction liée à la sensation de contrôle, sans avoir la contrepartie d’un jeu rythmé et instinctif. Car la finition n’est ni celle d’un jeu moderne, ni même d’un International Superstar Soccer, qui quelques mois plus tard reprendra toutes les idées intéressantes, en les sublimant. Sur Super Nintendo uniquement, ce qui explique que les fans de FIFA sont souvent des joueurs de Megadrive.

Martifouette ou martichaîne ?

Petit point d’ailleurs sur les deux versions “principales” : FIFA International Soccer est largement supérieur sur la 16 bits de Sega, sur presque tous les plans. Le titre d’Electronic Arts y est en effet moins lent (sur la console Nintendo, la tortue tétraplégique est également asthmatique), avec une meilleure ambiance sonore, et la présence de l’arbitre sur le terrain. La version concurrente a pour elle la possibilité de jouer à 5 et pas seulement à 4 (on a plus d’amis quand on a une Nintendo), la barre de puissance et un bouton supplémentaire qui rendent le gameplay légèrement moins antipathique. Le jeu a également été porté sur Game Boy et autres machines moins puissantes… Attendez-vous au pire, vous ne serez pas déçu.

 

La jauge de puissance sur SNES La joie du buteur. Faut bien qu'il y en ait un.

 

Il y a trois raisons valables de jouer à ce premier FIFA aujourd’hui. La première étant bien sûr une nostalgie aveuglante. La seconde, se faire une idée de l’évolution du jeu vidéo en 16 ans. Enfin, être emporté dans un élan de masochisme, et vouloir essayer autre chose que Pit Fighter. Si vous voulez une simulation moderne, jouez à des jeux modernes, ou éventuellement à ISS Deluxe. Si vous voulez vous amuser, de nombreux jeux antérieurs à FIFA feront l’affaire : Super Soccer ou Éric Cantona Football sur SNIN, World Cup sur NES ou GameBoy, Sensible Soccer sur micro ou Megadrive, les choix ne manquent pas.

 

FIFA International Soccer, de par son caractère innovant, a sa place dans un musée vidéoludique. Par son caractère pénible, il ne l’a plus dans une ludothèque.

 

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Article rédigé par tfoth le 12/06/2010